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Allemagne : un député de gauche admet avoir joué les passeurs

Diether Dehm, un parlementaire du parti Die Linke, s'est félicité d'avoir aidé un jeune homme issu d'un pays africain en guerre à traverser illégalement la frontière allemande. Un syndicat de police a demandé à ce qu'il soit poursuivi en justice.

Elu du Bundestag, la chambre basse du Parlement allemand, Diether Dehm assume pleinement le fait d'avoir joué les passeurs clandestins : lundi 12 septembre, le parlementaire de la formation de gauche radicale Die Linke [La gauche] a confié à l'agence de presse DPA son implication dans l'entrée en Allemagne, sans autorisation, d'un jeune ressortissant d'un Etat africain livré à la guerre.

Le député explique avoir rencontré ce jeune homme en Italie où, d'après le magazine allemand Bild, il s'était rendu après la mort de sa mère. L'élu l'aurait pris sous son aile alors qu'il se trouvait en vacances au bord du lac Majeur, et l'aurait ensuite conduit en Suisse puis en Allemagne, où le jeune homme aurait gagné un camp de réfugiés. Celui-ci aurait par la suite été emmené jusqu'à son père, qui vit en Allemagne, sans que les douanes n'aient enregistré sa présence sur le territoire.

Loin d'être gêné par son acte, Diether Dehm a partagé sur Facebook ce qui semble être une photographie du jeune migrant se reposant à l'arrière de sa voiture. Il a en outre déclaré au journal Bild qu'il était entièrement «en paix avec lui-même».

Néanmoins, tout le monde ne voit pas d'un bon œil l'acte de ce député : le dirigeant du syndicat de police allemand DPolG (Deutsche Polizeigewerkschaft) a précisé pour le Bild que cette initiative était «un exemple alarmant de la manière dont un parlementaire élu [pouvait] mépriser les lois». Le responsable syndical a ajouté que le trafic de migrants était passible d'une peine de dix ans de prison et que l'homme politique devait par conséquent être assigné en justice.

L'affaire survient dans un contexte de défiance croissante en Allemagne vis-à-vis de la politique d'accueil des migrants mise en place par Angela Merkel, en raison notamment de la série d'attentats qu'a connue le pays cet été. Signe de cette tendance, le 4 septembre, le parti anti-immigration AfD a connu un succès retentissant lors des régionales partielles dans le Land de Mecklembourg-Poméranie occidentale, devançant la CDU de la chancelière allemande.

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