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Ankara saisit l’interview d’un ministre turc par le média allemand Deutsche Welle

Le gouvernement turc a confisqué l'enregistrement vidéo d'une interview du ministre turc de la Jeunesse et des sports, réalisé à Ankara par un journaliste de la chaîne Deutsche Welle au prétexte que «l'interview n'a pas été autorisée».

Le média allemand, Deutsche Welle, a exprimé son vif mécontentement à l'encontre des autorités turques. Au motif que l'interview du ministre turc de la Jeunesse et des sports, Akif Cagatay Kilic, réalisée par la chaîne allemande, n'avait «pas été autorisée», elles ont saisi les enregistrements qui avaient pourtant eu lieu au siège du ministère, à Ankara

«Les questions qui ont été posées ne sont pas celles qui avaient été soumises à l'avance», a précisé le ministre turc en faisant allusion au fait que la conversation a surtout porté sur les arrestations qui avaient suivi le coup d’Etat manqué du 15 juillet, le statut de la liberté de la presse et les droits des femmes.

La radio-télévision allemande avait prévu d’insérer cette interview dans une émission appelée Zone de conflit, mais étant donné que les enregistrements ont été saisis, son directeur général, Peter Limburg, envisagerait une action en justice. «J’ai plusieurs fois réclamé par téléphone la restitution de l’enregistrement, mais le ministère des Sports nous l'a refusée», a-t-il mis en évidence.

«Les questions ne font évidemment pas l'objet d'un accord préalable et les interviews ne sont pas soumises à autorisation. C’est une violation flagrante de la liberté de la presse», a-t-il poursuivi.

Selon l'intervieweur, le journaliste Michel Friedman, «il n'est pas concevable qu'un ministre réponde de son plein gré à une interview avant d'empêcher sa diffusion de cette manière, parce qu'il n'a pas apprécié les questions qui ont été posées».

«Ce que nous subissons ici relève du harcèlement de la part des autorités turques. Cela n'a plus rien à voir avec l'Etat de droit et la démocratie», a-t-il conclu.

Le gouvernement turc est souvent accusé d’avoir violé la liberté de la presse, notamment après avoir licencié tous les responsables du journal turc Zaman, dont les éditeurs et les journalistes n’avaient pas respecté les prescriptions gouvernementales. De plus, le journal a été officiellement accusé par l'Etat d'entretenir des liens présumés avec le religieux musulman Fethullah Gülen, qui est aussi accusé d'avoir fomenté la tentative de coup d'Etat de juillet dernier. 

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