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Daesh : des fuites témoignent de l'amateurisme administratif de l'«Etat» islamique

Des documents retrouvés sur le cadavre d'un djihadiste sont de nature à écorner l'image de l'organisation terroriste qui se présente comme un Etat. Vacances, notes de frais, salaires, doléances : le chaos administratif semble régner au sein de Daesh.

Publiés par le Dailybeast, des documents retrouvés sur le cadavre d'un combattant de Daesh, le commandant Abou Ali al-Iraqi tué le 8 juin 2016, témoignent du désordre et de l'improvisation des «services administratifs» de l'«Etat» islamique. Courrier non-datés, notes de frais approximatives, comptabilité fantaisiste et approximative, quiproquos... Daesh semble affligé des mêmes maux bureaucratiques que les Etats dignes de ce nom, mais avec une dose d'amateurisme en plus.

Ainsi un djihadiste, en opération dans la région de Damas et appointé par Daesh, pose une demande de congés d'une semaine afin d'aller reprendre des forces à Raqqa, dans le nord de la Syrie, mais omet de donner des dates précises. Bonne pâte, l'«administration» de Daesh lui accorde tout de même la permission, mais prend soin de lui rappeler le b.a.-ba de toute direction des ressources humaines qui se respecte : «Les frères se doivent d'être précis sur les dates, sinon, ils devront être interrogés conformément à la loi de la Charia.»

Des notes de frais pour les esclaves sexuelles

Toujours selon ces documents, la gestion des salaires et des notes de frais des «employés» de Daesh est tout aussi approximative. Plusieurs notes retrouvées sur le djihadiste abattu évoquent des «doléances concernant les salaires». Une lettre adressée au Diwan al-Jund, l'équivalent d'un «Département des soldats», fait état d'un certain Abou Talha al-Iraqi qui se plaint d'arriérés de salaires de plus de trois mois. Le djhadiste mécontent fait valoir qu'il a à sa charge une femme, cinq enfants, et qu'il doit aider sa mère et sa sœur.

Un certain Abou Muslim al-Muhajir appartenant au bataillon de Daesh «Faith Qaryatain», reçoit 50 dollars de salaire mais aussi 50 autres dollars pour subvenir aux besoins de sa femme, de ses éventuels enfants, mais aussi des «sabaya», c'est-à-dire les femmes civiles capturées lors des combats et que la lecture de la loi islamique par Daesh autorise comme esclaves sexuelles. Les documents comptables comportent aussi d'autres catégories de dépenses justifiables, plus ou moins floues, telles que «bonus du soldat», «allocation de l'Aïd» ou «faux frais du soldat».

Des services de renseignement brouillons

Un des documents publiés témoigne aussi de certains dysfonctionnements des services de «contre-espionnage» de Daesh. Ces derniers échouent ainsi à repérer un certain Abou Houdhaifa, un agent double qui, pour le compte de djihadistes soutenus par les Etats-Unis, était parvenu à réunir dans le même lieu des responsables militaires de Daesh mais qui, dans le même temps, projetait de les tuer «avec des mines et des engins explosifs qu'il avait placés sur le lieu de la réunion de travail». Mais, continue l'auteur du document, «par la grâce d'Allah, l'opération n'a pas abouti». En prenant la fuite, Abou Houdhaifa a subtilisé à Daesh, «6 500 dollars, une caméra, des explosifs, des détonateurs, un pistolet 8,5 mm, deux fusils d'assaut de fabrication russe, 1 500 munitions russes et sept grenades». 

L'organisation terroriste, qui avait proclamé en 2014 un «califat islamique» se trouve en difficulté alors qu'elle perd beaucoup de terrain en Syrie et en Irak. Daesh a en outre perdu son «ministre des Attentats», Abou al-Adnani, tué lors d'une frappe à Alep, en Syrie, le 30 août dernier.

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