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Turquie : Erdogan accuse l'Ouest d'avoir soutenu les «terroristes» putschistes

Le président turc ne décolère pas et ne renonce pas à mettre la main sur son ennemi Fethullah Gülen, accusé d'être l'un des commanditaires du putsch manqué. La chasse aux opposants continue en Turquie. Et Les Etats-Unis clairement montrés du doigt.

«Malheureusement, l'Occident soutient le terrorisme et se range aux côtés des putschistes. Ce coup d'Etat n'était pas seulement un événement planifié de l'intérieur. Les acteurs ont agi dans le pays selon un scénario qui avait été écrit depuis l'étranger», a asséné le président turc Recep Erdogan lors d'un discours à Ankara.

Le chef d'Etat turc en a profité pour rappeler qu'il n'aurait aucune pitié pour les instigateurs du coup d'Etat manqué. «Quel genre d'alliés sommes-nous si les Etats-Unis refusent d'extrader Gülen malgré nos demandes ?», s'est interrogé le président turc, faisant écho à son Premier ministre, Binali Yildirim : les Etats-Unis devraient condamner de manière «claire et sans équivoque» la tentative de coup d'Etat en Turquie et extrader Fethullah Gülen, avait déclaré un peu plus tôt Binali Yildirim, lors de la visite du chef d'Etat-major américain Joe Dunford en Turquie. Ce dernier venait en effet avec pour mission de renforcer les relations entre les Etats-Unis et la Turquie mises à mal par la tentative de coup d'Etat dans la nuit du 15 au 16 juillet derniers.

Des demandes répétées pour l'extradition de Gülen

C'est la deuxième fois depuis le coup d'Etat que la Turquie exige l'extradition de Fethullah Gülen, l'opposant de longue date au président turc exilé aux Etats-Unis. Mark Toner, un des porte-paroles du département d'Etat a indiqué que la demande turque serait prise en compte mais que son traitement nécessiterait du temps, alors que le pouvoir turc réclame l'extradition du prédicateur depuis 1999 et que les Etat-Unis n'ont jamais donné satisfaction à la Turquie. Washington a en effet posé comme préalable la nécessité pour la Turquie de produire des preuves «réelles» de l'implication du leader politique et religieux âgé de 75 ans. «Il nous faut des preuves authentiques en conformité avec les exigences du droit en vigueur dans de nombreux pays», avait indiqué le secrétaire d'Etat John Kerry.

De vives critiques aussi contre l'Union européenne 

Le président turc distribue les reproches tous azimuts. Erdogan s'en est pris ainsi à la gestion par l'Union européenne de la crise migratoire, estimant que cette dernière n'avait pas «tenu ses promesses». La Turquie menace de remettre en cause les accords signés en mars dernier, engageant la Turquie à contenir le flot de réfugiés à destination de la Grèce et de l'Europe en échange d'une politique de visas favorable aux nationaux turcs.

Depuis le putsch, la purge de l'appareil d'Etat et la chasse aux opposants continue en Turquie. Plus de 18 000 personnes ont été placées en garde à vue à un moment ou à un autre au cours des deux dernières semaines. En tout, plus de 50 000 personnes ont été limogées depuis la tentative de coup d'Etat. Environ 10 000 d’entre elles font maintenant l’objet de poursuites et ont été placées en détention préventive. Erdogan s'en est d'ailleurs pris aussi aux services de renseignement turcs, accusés d'inefficacité en raison de leur «noyautage par les partisans de Gülen», et a annoncé leur restructuration prochaine. Recep Erdogan semble ne pas en avoir fini.

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