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Ethiopie : les Amhara manifestent en masse contre le gouvernement

Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont participé le 31 juillet à une marche contre le gouvernement éthiopien à Gondar, dans la région amhara, la manifestation la plus importante des dernières semaines, selon des médias locaux.

«Arrêtez de tuer les Amhara», «Rendez-nous notre frontière historique», pouvait-on lire sur les panneaux brandis par les manifestants, dans des vidéos qui ont largement circulé sur les réseaux sociaux.

Gondar est depuis plusieurs semaines le théâtre de manifestations parfois violentes, contre la décision du gouvernement éthiopien de rattacher le district de Wolkait à la région voisine du Tigré.

Les manifestants estiment que ce district appartient à la région amhara et accusent le gouvernement de favoriser le Tigré, d’où sont issus nombre de dirigeants éthiopiens.

Les manifestations ont déjà fait au moins une douzaine de morts dans des heurts avec la police, selon les autorités éthiopiennes. La marche de dimanche, d'une ampleur peu commune, s’est déroulée sans heurts.

Certains manifestants exprimaient également leur solidarité avec les manifestations des Oromo, entre novembre et mars dernier, contre un projet d’appropriation de terres, qui ont fait plusieurs centaines de morts selon des organisations de défense des droits de l’Homme.

Les autorités éthiopiennes n’ont pas réagi dans l’immédiat. Le gouvernement a expliqué il y a une quinzaine de jours que les manifestations à Gondar avaient éclaté après une tentative de la police fédérale d’arrêter des dirigeants amhara accusés «d'activités criminelles».

Le porte-parole du gouvernement Getachew Reda, injoignable dimanche, avait accusé les manifestants d’être soutenus par l’Erythrée pour déstabiliser l’Ethiopie.

Les Amhara forment la deuxième ethnie la plus importante d'Ethiopie derrière les Oromo. Les manifestations dans ces deux régions témoignent d’un ressentiment grandissant des membres des deux ethnies, qui estiment faire l'objet de discriminations en faveur des Tigréens, accusés d'occuper les postes-clés au sein du gouvernement et des forces de sécurité.

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