Le chef du Front Al-Nosra, Abou Mohammad al-Jolani, a annoncé que son groupe rompait ses liens avec le groupe terroriste al-Qaïda, lors d'une opération inédite : un enregistrement audio diffusé par la chaîne de télévision Al-Jazeera. Son but : faire en sorte que les Etats-Unis et la Russie n'invoquent plus ses liens avec l'organisation djihadiste pour prendre cette organisation pour cible. Pour cela le groupe a changé de nom s'appelle désormais «Front Fateh al-Cham».
«Nous remercions les commandants d'Al-Qaïda pour avoir compris la nécessité de rompre les liens [...]», a indiqué le chef du deuxième groupe djihadiste le plus important en Syrie, soulignant que cette décision visait à «protéger la révolution syrienne».
Le leader d'al-Qaïda, Ayman al-Zawahri, avait précédemment déclaré dans un communiqué audio : «Vous pouvez sacrifier sans hésiter les liens organisationnels s'ils rentrent en conflit avec votre capacité à fonctionner de façon unie.»
La diffusion de cet enregistrement du feu Front Al-Nosra intervient une semaine après l'accord conclu entre les chefs des diplomaties russe et américaine, Sergueï Lavrov et John Kerry, pour lutter conjointemnet contre le Front Al-Nosra et l'Etat islamique (EI).
L'expert en groupes djihadistes Charles Lister a tweeté cette semaine que l'objectif du Front Al-Nosra était de se protéger d'une éventuelle campagne russo-américaine, de s' «incruster davantage dans la révolution syrienne et de garantir son avenir à long terme».
Le Front Al-Nosra est officiellement né en janvier 2012, soit dix mois après le début de la guerre civile syrienne, qui s'est transformée en une guerre civile sanglante. Le groupe, considéré comme «terroriste» par la Russie depuis le début du conflit, ne l'était pourtant pas pour certains pays occidentaux qui considéraient que le Front Al-Nosra faisait partie des «rebelles modérés». Néanmoins, si l'organisation est aujourd'hui classée comme groupe «terroriste» par Washington, l'attitude de la coalition internationale à son égard reste ambigüe. En juin dernier, la Russie s'était vue demander, en vain, de ne pas bombarder les positions du groupe en Syrie par les Etats-Unis.