La course meurtrière au camion du 14 juillet à Nice, et plus récemment encore l'attaque à la hache d'un jeune Afghan dans un train en Allemagne, ont révélé les limites des stratégies des services de renseignement européens en matière de prévention du terrorisme. Le phénomène des djihadistes auto-radicalisés ou ayant eu des relations très restreintes avec des groupes terroristes, en particulier, semble poser des difficultés aux Etats européens.
«Comment intercepter des signes provenant d'une personne qui n'a aucun contact avec aucune organisation, qui est juste inspirée [par l'une d'elles] et qui commence seulement à exprimer une sorte d'allégeance [à son égard] ? Je ne sais pas. C'est un défi», a avoué à l'agence Reuters le coordinateur de l'Union européenne pour la lutte contre le terrorisme, Gilles de Kerchove, en marge d'une conférence sur le renseignement qui se tenait dans la ville israélienne de Tel Aviv.
Pour le haut fonctionnaire européen, les réponses à ce péril inédit pour l'Europe pourraient justement se trouver en Israël, où l'Etat fait face depuis longtemps à des attaques de rue réalisées par de jeunes individus sans lien avec des factions ou organismes armés.
Israël, spécialiste de la traque des «loups solitaires» via les réseaux sociaux
Après s'être focalisés sur les consultations de sites et sur les communications établies par des personnes déjà suspectes, les services de renseignement israéliens se sont progressivement penchés sur les conversations et publications privées mises en ligne sur les réseaux sociaux, développant des technologies capables d'exploiter ces données. Une manière de dénicher les profils potentiellement prêts à réaliser des attaques, sans l'aide ou l'aval d'organisations structurées. «Lorsqu'il est question de loups solitaires, même un message d'adieu sur Facebook peut être relevé par Israël», a souligné un ancien responsable des services de renseignement israélien, lors de la conférence de Tel Aviv.
De quoi donner des idées à l'Europe... qui risque toutefois d'avoir du mal à les concrétiser. Les normes en matière de droits civiques et de respect de la vie privée sur le continent, en effet, rendent difficile le développement des technologies de renseignement de ce type, a souligné Gilles de Kerchove lors de l'événement israélien.