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Scandale du dopage : Poutine dénonce l'intrusion de la politique dans le sport

Alors que la Russie va mener sa propre enquête, Vladimir Poutine a exhorté l'Agence mondiale antidopage à présenter des preuves. Mais l'agence n'a pas pour l'instant démontré comment les instances russes auraient falsifié des échantillons scellés.

«Nous l'avons dit depuis toujours : le dopage n'a pas sa place dans le sport», a déclaré Vladimir Poutine, qualifiant de «dangereuse» l'intrusion de la politique dans le sport. «D'une nouvelle façon, nous assistons à un retour de la politique dans le sport. Mais sur le fond, il est toujours question d'instrumentaliser le  sport à des fins de géopolitique, et de fabriquer une image négative d'un pays et d'un peuple», a déploré le président russe, pour qui le Mouvement olympique est sur le point d'exploser suite au scandale du dopage et aux décisions prises par l'Agence mondiale antidopage (AMA).

Le rapport dénonce un «système de dopage d'Etat sécurisé»...

L'agence antidopage a en effet demandé officiellement l'exclusion de la Russie des JO d'été 2016 et a appelé à «empêcher la participation des athlètes russes aux compétitions internationales». De son côté, le Comité international olympique (CIO) a emboîté le pas et pourrait prendre des sanctions dès ce mardi 19 juillet. «Le CIO n'hésitera pas à prendre les sanctions les plus strictes possibles contre toute individu et toute fédération impliquée», a déclaré Thomas Bach, le président du Comité.

Dans ses conclusions le rapport Mclaren de l'AMA pointe du doigt le ministre des sports russe Vitali Moutko, accusé d'être impliqué dans les échanges et substitutions d'échantillons qui auraient eu lieu dans les laboratoires d'analyse de Moscou et Sotch lors des Mondiaux d'athlétisme en 2013, peu avant les JO d'hiver de Sotchi en 2014. Le document d'une centaine de pages met également en cause le FSB – les services secrets russes, accusés d'avoir prêté leur concours au système de dopage dénonçant un «système de dopage d'Etat sécurisé [...] dirigé, contrôlé et supervisé» par le ministère des Sports russe.

... mais le modus operandi de l'échange des échantillons reste non démontré 

«A la fin des Mondiaux de Moscou en 2013, le laboratoire [antidopage de Moscou] a mis de côté des échantillons positifs qui devaient être échangés en enlevant des bouchons et en remplaçant l'urine sale avant que les échantillons ne soient envoyés à un autre laboratoire», conjecture la commission d'enquête qui n'a toutefois pas été en mesure de déterminer comment les échantillons ont pu être ouvert malgré la présence de sceaux puis re-scellés.

L'AMA ouvert une enquête après les déclarations en mai dernier au New York Times de Grigory Rodchenkov, ancien responsable du laboratoire antidopage de Moscou. Il avait alors accusé «des douzaines d'athlètes russes dont 15 médaillés olympiques» d'avoir bénéficié d'un système de dopage organisé.

Poutine dénonce un rapport de l'AMA sous influence

Après l’éclosion du scandale plus tôt cette année, la Russie avait déjà exclu plusieurs fonctionnaires chargés de la lutte contre le dopage et avait décidé de confier ses tests de dépistage aux laboratoires internationaux de l’Agence mondiale antidopage. Le 17 juin, le conseil de l’Association internationale des fédérations d'athlétisme avait décidé de maintenir l’interdiction pour les athlètes russes de participer aux prochaines échéances internationales, dont les Jeux Olympiques de Rio, en conséquence du scandale de dopage.

«Nous avons l'impression d'une campagne planifiée visant à pousser les sportifs russes hors de la compétition», a dénoncé le Comité olympique russe, notant que les agences antidopage américaine et canadienne ont appelé à exclure totalement la Russie des JO de Rio avant même d'attendre les conclusions du rapport McLaren. Un timing que Vladimir Poutine a également relevé et qui s'est dit étonné de la précipitation des agences américaines, «sans attendre la publication officielle du rapport de l'AMA», estimant que l'agence antidopage des Etats-Unis devait avoir eu accès au rapport de l'AMA avant sa publication, et peut-être même été en mesure de l'«influencer». Ainsi, «on voit une entité nationale imposer sa volonté à toute une communauté sportive internationale», a-t-il relevé.

Le rapport de l'AMA menace sérieusement la participation de la Russie aux JO de 2016. Les athlètes russes ne pouvaient déjà plus concourir sous les couleurs de leur pays après la décision de l'Association internationales des fédérations d'athlétisme en juin dernier.

En savoir plus : L’agence antidopage américaine appelle à bannir tous les athlètes russes des JO 2016