L'homme de 75 ans qui vit en exil volontaire aux Etats-Unis est présenté comme l'inspirateur des putschistes. Pour Erdogan, le Hizmet – le mouvement politique et religieux que dirige Gulen – est un «groupe terroriste». La Turquie avait d'ailleurs demandé aux Etats-Unis l'extradition du rival d'Erdogan.
Fethullah Gulen et Recep Tayyip Erdogan, avant d'être des ennemis, ont été des alliés de circonstance. Ainsi, Gulen a ainsi soutenu l'AKP, le parti d'Erdogan, dès 2002, jusqu'à ce que la crise éclate entre les deux hommes en 2014. Le Hizmet est alors accusé de noyauter les milieux de la justice et de la police. Gulen dénonce pour sa part la dérive autoritaire de l'AKP et d'Erdogan, s'inquiétant de ce que l'action de l'AKP pourrait compromettre l'intégration à l'Union européenne de la Turquie.
Une doctrine religieuse plus modérée
Sur le plan religieux, Gulen prône le dialogue interconfessionnel. Le chef du parti Hizmet a ainsi rencontré aussi bien le pape Jean-Paul II que le patriarche orthodoxe grec et des rabbins, et accepte même le dialogue avec les athées.
Bien que profondément religieuse, sa pensée politique rend ainsi possible l'existence d'une société laïque, ce qui rend Fethullah Gulen plus proche qu'Erdogan du fondateur de la Turquie sécularisée de Mustafa Kemal Ataturk. Erdogan, au contraire, s'est appuyé sur le fondamentalisme islamique pour accéder au pouvoir et pousse la Turquie sur la voie de la radicalisation.