Après ses déclaration du 4 juin, lorsqu'il avait incité les Philippins à se faire justice eux-même, certains avaient déjà trouvé ses propos un peu exagérés [«Tuez les tous, ces enculés !» ; «Je suis en colère contre ces fils de p..., je vais vraiment les tuer. C'est ma spécialité»].
Mais Rodrigo Duterte reste visiblement sourd à la critique qui lui reproche de faire la promotion d'une «culture de la mort» dans le pays. Lors de sa campagne, il avait déjà déclaré que 100 000 criminels allaient mourir dans une répression sanglante et sans merci et que leurs corps seraient jetés dans la baie de Manille.
«Ces fils de p... sont en train de détruire nos enfants. A ceux qui veulent se lancer là-dedans [le trafic de drogue], je vous préviens : ne le faîtes pas, car je vous tuerai. Même si vous êtes policier», a déclaré de nouveau le président philippin, cité par l'AFP.
«Si vous connaissez des toxicomanes, n'hésitez pas, tuez les vous-même car cela serait trop douloureux à faire pour leurs parents», a-t-il ajouté.
Il a ensuite ironisé en déclarant que cela pourrait donner un coup de pouce aux fonctionnaires des pompes funèbres qui pourraient gagner un peu plus d'argent grâce à un regain d'activité.
«Je peux vous assurer que vous ne ferez pas faillite. Si votre entreprise tourne au ralenti, je dirai à la police "allez plus vite [tuez des toxicomanes], pour que les gens aient plus de travail"».
Lors de son discours au palais présidentiel, Rodrigo Duterte a souligné que les problèmes clés qui se posent actuellement pour les Philippines sont «la corruption, dans toutes les sphères de la société, la criminalité dans les rues et la vente effrénée de drogues illégales dans toutes les couches de la société philippine, ce qui provoque l'effondrement de la loi et de l'ordre».
Sans surprise, la rhétorique de Rodrigo Duterte n'a pas plu aux barons de la drogue locaux. Le mois dernier, ils avaient déjà annoncé que la tête du président serait mise à prix pour 1 million de dollars (890 000 euros).
Rodrigo Duterte a à son tour offert une récompense de 5 millions de pesos (96 000 euros) pour tout baron de la drogue tué, appelant ainsi la population à se joindre directement à sa grande guerre contre le trafic et la criminalité.
Des documents publiés par WikiLeaks allèguent que Rodrigo Duterte, qui est resté maire de la ville de Davao (sud) durant plus de 22 ans, a été lié à un groupe d'autodéfense appelé Davao Death Squad. Selon Human Rights Watch, ces «escadrons de la mort» ont assassiné plus de 1 000 personnes au cours du mandat de Duterte.
Lire aussi : Philippines : le président élu Rodrigo Duterte veut rétablir la peine de mort