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Daesh : Ali Khamenei accuse l'Occident d'exploiter les clivages religieux pour diviser l'Islam

Lors d'une conférence d'ambassadeurs de pays musulmans, le leader iranien s'est livré à une nouvelle diatribe contre les Etats-Unis, les accusant d'exacerber l'opposition entre chiites et sunnites à des fins géopolitiques. Et d'avoir créé Daesh.

«Les dirigeants américains sont hostiles à l'Islam par principe, et en dépit de ce qu'ils prétendent, ils cherchent à semer la zizanie parmi les musulmans, avec par exemple la création ex nihilo de sectes terroristes comme Daesh, financées et appuyées financièrement par des intermédiaires des Etats-Unis». Devant les ambassadeurs réunis, le guide suprême de la Révolution islamique a ainsi donné sa vision de l'histoire et de l'action des occidentaux au Moyen-Orient.

Selon lui, de longue date les puissances coloniales ont exploité les clivages religieux au sein du monde musulman à des fins géopolitiques et stratégiques. Il s'en est ainsi pris à l'Angleterre comme ancienne puissance coloniale. «Historiquement, les Britanniques sont passés maîtres dans l'art de déclencher des guerres et semer la discorde entre sunnites et chiites». Mais les manœuvres des Etats-Unis, dans le monde présent «sont encore plus dangereuses», a estimé Ali Khamenei. «En soutenant telle faction contre telle autre, ils combattent la nature même de ce qu'est l'Islam».

Et les Etats-Unis ont pour l'instant atteint leur «but de provoquer une guerre intestine au sein du monde musulman», a-t-il expliqué semblant évoquer une certaine capacité du monde occidental à l'ingénierie sociale en plus des opérations militaires, à savoir la capacité à créer des mouvements sociaux de toutes pièces. «Le jour où nous avons vu les termes "chiites" et "sunnites" apparaître dans les médias et la presse américaines [dans les années 1980], on s'est tout de suite douté de quelque chose», a indiqué le dirigeant iranien à l'appui de sa thèse : «C'est eux qui sont à l'origine des catastrophes dans le monde musulman aujourd'hui. Si nous en prenons conscience, nous pourrons résister.»

A la mort du prophète Mahomet, en 632, un différend naît entre les habitants de Médine et de la Mecque. Les chiites reconnaissent comme successeur du prophète son gendre Ali, tandis que les sunnites considèrent un compagnon de Mahomet, Abou Bakr, comme autre héritier légitime. Ce point de détail théologique n'a pas empêché les communautés chiites et sunnites (mais aussi chrétiennes) de cohabiter en paix dans de nombreux pays musulmans pendant des siècles, à l'instar de l'Irak et de la Syrie maintenant dévastée.