Diffusée par le média en ligne Al Battar (celui qui tranche en arabe), la liste contient plusieurs noms de responsables musulmans éminents et surtout parmi les plus radicaux du royaume chérifien : Mohamed El Fizazi, Hassan Kettani, Abdelouahab Rafiki, Omar Haddouchi, Abdelkrim Chadli...
Se revendiquant pour la plupart d'un salafisme radical, ces religieux refusent d'accorder une légitimité morale et religieuse au Califat islamique que Daesh prétend représenter. De plus, leur extrémisme ne les empêche pas d'entretenir des relations étroites avec le pouvoir royal. Le 28 mars 2014, dans une mosquée à Tanger, Mohamed El Fizazi avait même conduit une prière du vendredi devant le roi Mohammed VI.
Le Maroc est pour l'instant préservé des attaques terroristes de Daesh. Toutefois, le 23 juin dernier, les autorités marocaines ont arrêté dix membres d’une cellule terroriste liée à l’Etat islamique. Ils planifiaient un hold-up dans un grand centre commercial dans la ville d’Oujda.
Le salafisme n'est pas un bloc, mais s'apparente plutôt à une galaxie de mouvements et de courants, entretenant des liens plus ou moins distants avec la violence politique ou l'Etat islamique. Si le salafisme se caractérise par une lecture littérale du Coran et une pratique rigoriste de la religion, la majeure partie de ses adeptes sont qualifiés de «quiétistes». Ceux-ci pratiquent leur islam en retrait de la société afin de maintenir les préceptes qu'ils défendent et de les faire gagner en puissance au sein même des musulmans. Ce qui n'empêche pas d'autres salafistes de s'engager sur le terrain politique, voire sur le terrain militaire.
Les divergences entre les différents courants de l'Islam radical portent donc essentiellement sur l'engagement ou non dans la société civile et sur l'usage de la violence, dont cet appel au meurtre de dignitaires religieux marocains est une illustration.
De son côté, la monarchie marocaine tente de concilier depuis de nombreuses années une ouverture au monde occidental et les courants plus conservateurs qui peuvent traverser la société marocaine. Le parti islamiste PJD (le Parti de la justice et du développement) est ainsi autorisé au Maroc, et il est actuellement un maillon essentiel de la coalition gouvernementale. A contrario, la plupart des mouvements islamistes marocains reconnaissent les institutions de la monarchie, et s'inscrivent en son sein.