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Le ministre des Affaires étrangères d’Equateur accuse le Royaume-Uni d’espionnage

Guillaume Long, chef de la diplomatie équatorienne a accusé le 29 juin les renseignements britanniques d'espionner en permanence l'ambassade de son pays à Londres. Celle-là même où est réfugié depuis quatre ans Julian Assange, fondateur de WikiLeaks.

«Il y a des caméras partout. C'est l'une des ambassades les plus espionnées dans le monde.» Guillaume Long n’a pas pris de pincettes. Le ministre des Affaires étrangères d’Equateur s’est montré offensif envers le Royaume-Uni en marge de la session du Conseil des droits de l'homme de l'ONU le 29 juin.

Il a tout simplement soupçonné les services de renseignement de sa majesté d’avoir l’ambassade équatorienne de Londres un peu trop dans leur viseur. Ce vif intérêt trouverait sa motivation dans la présence de Julian Assange dans les locaux.

«Vous avez beaucoup de chance si vous pouvez même faire un appel téléphonique de l'intérieur de l'ambassade. L'internet est constamment interrompu. Tout est piraté. C'est un environnement vraiment hostile pour M. Assange, chaque jour», a souligné le ministre. Guillaume Long n’hésite pas à évoquer l’implication d’agents britanniques dans cette éventuelle surveillance. «J’ai mes soupçons», déclare-t-il à ce sujet.

Assange dans l’oeil du cyclone américain

Julian Assange, âgé de 44 ans, occupe l’ambassade depuis le 19 juin 2012. L’immeuble en brique rouge, situé dans le quartier huppé de Knightsbridge, s’est mué en sanctuaire depuis qu’il tente d’échapper à une extradition vers la Suède, pays dans lequel il est accusé de viol. Un mandat d’arrêt européen est en cours pour l'appréhender.

Le lanceur d’alerte australien nie en bloc ces accusations. Mais la raison principale pour laquelle il refuse de se rendre en Suède demeure sa crainte d’être extradé vers les Etats-Unis.

En 2010, le site WikiLeaks, qu’il a fondé, a publié plus de 500 000 documents classés secret défense, notamment sur l’Irak et la Syrie. De plus, 250 000 communications diplomatiques ont été rendues publiques.

L’Equateur ne veut pas faire d’ingérence

Les critiques du ministre équatorien ont pris une dimension géopolitique. Il a reproché à la Grande-Bretagne d'exiger des autres pays le respect des résolutions sur les droits de l'homme dans le monde mais de s'y soustraire lorsqu'elle est elle-même visée. «C'est un exemple clair du principe de deux poids, deux mesures que l'Equateur dénonce», a-t-il dit.

En février, le Groupe de travail de l'ONU sur la détention arbitraire avait jugé que la Suède et la Grande-Bretagne enfreignaient les droits fondamentaux de Julian Assange. Mais cet avis non contraignant avait été rejeté par Londres et Stockholm et les autorités suédoises ont maintenu fin mai le mandat d'arrêt européen contre lui.

Guillaume Long a répété que son pays ne souhaitait guère se mêler de l’enquête pour viol conduite en Suède. Il s’est même dit prêt à soutenir le transfert de Julian Assange vers la Suède. A la condition que ce dernier soit assuré de ne pas se voir remis aux autorités américaines.

Toujours selon le chef de la diplomatie équatorienne, l’état de santé de Julian Assange se dégrade. Il a évoqué un problème assez sérieux à un bras, sans toutefois donner plus de détails.