La bataille «a été dure, difficile, compliquée», a déclaré Mariano Rajoy, au pouvoir depuis 2011, devant des centaines de partisans en liesse. Ses partisans rassemblés à Madrid ont scandé, non sans ironie, le slogan du parti de gauche radicale Podemos : «Si se puede, si se puede.» (oui, c'est possible).
Après six mois de paralysie politique de l'Espagne, le Parti populaire (PP) de Rajoy a remporté 137 sièges sur 350 à la chambre basse, 33% des suffrages, correspondant à un bond de quelque 500 000 voix. Le 20 décembre, les Espagnols lui avaient fait perdre sa majorité absolue lors des élections générales. Les socialistes avaient aussi obtenu le pire score de leur histoire et deux nouveaux partis étaient entrés au Parlement : le parti anti-austérité Podemos et Ciudadanos, parti libéral.
Loin derrière, la coalition de gauche radicale Unidos Podemos obtient 71 sièges
Ce vent de renouveau politique en Espagne avait fini par tourner au blocage : le PP ne pouvait plus gouverner seul et personne ne voulait s'allier à cette formation mise en cause dans de nombreuses affaires de corruption.
Les trois autres partis n'avaient pas non plus trouvé de terrain d'entente pour chasser la droite du pouvoir. D'où la convocation de nouvelles élections par le roi Felipe VI.
Dimanche 26 juin, l'amorce d'un déblocage a semblé se dessiner. Récupérant une partie des voix qu'il avait perdues au bénéfice de Ciudadanos, le PP a creusé l'écart, devançant de plus de 50 sièges le Parti socialiste (85 sièges) qui a perdu quelques 100 000 voix. Il laisse aussi loin derrière la coalition de gauche radicale Unidos Podemos, qui arrive troisième avec 71 sièges.
Ainsi, sur les quatre grandes formations qui se partagent désormais le Parlement, seul le parti de droite a gagné du terrain. «Nous réclamons le droit de gouverner», a déclaré Mariano Rajoy, 61 ans, tirant les conclusions de sa victoire. Les conservateurs, qui n'ont pas de majorité absolue, doivent désormais négocier les termes d'une alliance qui leur permettra de rester au pouvoir. Ils se tourneront naturellement vers le libéral Ciudadanos, dont le chef Albert Rivera a annoncé qu'il était prêt à entamer des négociations.
Eviter un «troisième tour»
Néanmoins le PP et Ciudadanos n'auront pas, à eux deux, la majorité absolue requise. Ciudadanos ne recueille que 32 sièges, loin des 40 remportés en décembre quand il avait séduit les électeurs du PP en dénonçant la corruption.
Les partis ont promis de tout faire pour éviter un «troisième tour». Ils seront vite rappelés à leurs obligations par le contexte du Brexit, qui a provoqué en Espagne vendredi 24 juin une chute sans précédent des valeurs boursières. Mariano Rajoy doit participer au Conseil européen sur le sujet cette semaine, et a déjà promis de définir une position commune avec les autres partis. Le nouveau parlement issu des législatives siègera à partir du 19 juillet.
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