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Nigeria : MSF découvre un camp de déplacés aux besoins humanitaires «au-delà de l'imaginable»

Plus de 1 200 personnes sont mortes de faim ou de maladie dans un camp qui abrite les habitants ayant fui les exactions des djihadistes de Boko Haram, dans le nord-est du Nigeria, a rapporté jeudi l'organisation Médecins sans frontières.

Médecins sans frontières (MSF) a indiqué que son équipe a compté 24 000 personnes déplacées, dont 15 000 enfants, entassés dans un camp situé aux abords directs d’un hôpital, lors de sa première visite dans la ville de Bama, à 70 kilomètres de la capitale de l'Etat de Borno, Maiduguri. C’est la première fois que l’ONG s’aventure dans la zone depuis la prise de contrôle de la ville par Boko Haram en mars 2015. 

Soulignant les besoins humanitaires «au-delà de l'imaginable» constatés dans le camp, MSF a noté qu’un cinquième des 800 enfants à avoir passé un examen médical souffraient de malnutrition aiguë. Près de 500 enfants sont morts.

«Les déplacés nous ont parlé d’enfants morts de faim, de nouvelles tombes creusées quotidiennement», a précisé dans un communiqué Ghada Hatim, chef de mission pour MSF au Nigeria. «Elles [les personnes déplacées] ont compté certains jours plus de 30 décès causés par la faim et les maladies. Ces taux de mortalité montrent à quel point la situation est critique, bien au-delà des seuils d’urgence.»

Lors de l’évaluation de la situation sur place, l'équipe de l’ONG a aussi dénombré dans le cimetière adjacent au camp 1 233 tombes creusées au cours de la dernière année, 480 d’entre elles étant des sépultures d’enfants.

Plus de 15 000 personnes ont été tuées et 2 millions déplacées au Nigéria et les pays environnants du Tchad, Niger et Cameroun depuis l’apparition dans la région du groupe Boko Haram il y a sept ans. D'idéologie salafiste djihadiste, le mouvement insurrectionnel cherche à instaurer un califat et imposer la charia dans les territoires qu’il contrôle.

L’armée nigérienne, aidée par les renforts des pays voisins, a réussi à reconquérir la plupart du territoire perdu. Cependant, Boko Haram, qui a prêté allégeance à Daesh l’année dernière, continue à perpétrer régulièrement des attentats suicides.