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Ils ont tout essayé : les arguments des anti-Brexit

En ce jour de référendum qui doit déterminer le futur du Royaume-Uni au sein de l'UE, retour sur les arguments des opposants à une sortie du pays, de la menace au charme de l'ancien sportif en passant par le soutien inattendu d'eurosceptiques.

Menace d'évincement de la Grande-Bretagne du marché mondial

En avril dernier, le président américain Barack Obama, en visite à Londres, avait décidé d'adopter une nouvelle attitude, oubliant politesses et courbettes pour se montrer carrément menaçant. Il a en effet souligné qu’en cas de sortie du Royaume-Uni, l’Union européenne serait au centre de l'attention dans le cadre des négociations commerciales, alors que Londres «se trouvera[it]en fin de queue».

Le chef d'Etat américain a été on ne peut plus clair : les Etats-Unis ne concluront de partenariats qu'avec le bloc de l'UE et un Brexit signifierait une fragmentation des nations, ce qui pourrait être fatal aux accords commerciaux de premier plan et provoquerait une division au niveau mondial. 

L'apocalypse économique

Pour influencer le vote de ce jeudi 23 juin, le milliardaire George Soros, lui, n'hésite pas à jouer sur les peurs de la population et dessine de sombres perspectives : «La livre chutera forcément et de façon dramatique si le "leave" l'emporte. La dévaluation sera bien plus importante et chaotique qu'en 1992», a déclaré l'homme qui a fondé sa réputation – et une partie de sa fortune – en spéculant avec succès contre la livre sterling en 1992.

Soros avait en effet alors mis sur la table quelques dix milliards de livres - montant astronomique pour un particulier - afin de faire plier la Banque d'Angleterre elle-même. A court de munitions pour soutenir le taux de change de sa monnaie, la Grande-Bretagne avait dû capituler et sortir du cadre du SME, le système monétaire européen dont le but était de tenir les différentes monnaies européennes dans un couloir de parité. Les spéculateurs qui avaient parié sur la chute de la livre avaient empoché d'énormes gains.

La métaphore sportive

Les stars du sport sont aussi entrées dans la danse. A l'instar de David Beckham qui a affirmé son soutien au maintien dans l'UE en avançant des arguments axés sur le cosmopolitisme sportif.

«Nous vivons dans un monde en mouvement et connecté dans lequel les hommes sont plus forts ensemble. Pour le bien de nos enfants et petits-enfants, nous devons rester soudés et faire face aux problèmes ensemble plutôt que chacun chez soi», a-t-il déclaré à The Independent.

«J'ai eu le privilège de jouer et de vivre à Madrid, Milan et Paris avec des coéquipiers venant des quatre coins du monde. Nous [Manchester United] étions les meilleurs sur le terrains car nous avions la chance d'avoir un gardien de bur danois, Peter Schmeichel, l'autorité d'un irlandais, Roy Keane et le talent d'un Français, Eric Cantona», a-t-il conclu.

Un soutien inattendu

Le Premier ministre de Hongrie, Viktor Orban - en temps normal farouche opposant à Bruxelles - a livré un message pour le moins inattendu : «La décision est la vôtre, mais la Hongrie est très fière d’être avec vous membre de l’UE», a déclaré l'homme dans un message dont la parution a été retardée de deux jours à cause du meurtre de la députée Jo Cox, selon le porte-parole de l’Office, Zoltan Kovacs, sur le site officiel du gouvernement.

Entente cordiale

Lors du dernier jour de sa visite aux Etats-Unis, le président chinois Xi Jinping, commentant le Brexit potentiel de la Grande-Bretagne, a évoqué son attachement aux relations avec ce pays dans le cadre de l'UE.

«La Chine espère voir l’Europe prospère, l’Union européenne unifiée, et espère que la Grande-Bretagne, en tant que membre important de l’UE, puisse jouer un rôle encore plus positif et constructif dans [le développement] des liens Chine-UE», a-t-il souligné.

Mais on voit aussi des diplomates chinois indiquer que cette sortie potentielle de l’UE était observée de près par Pékin, qui croit que le Royaume-Uni renforce une UE considérée par la Chine comme un relais important de la domination du marché américain.

Même un djihadiste ! 

Selon Anjem Choudary, ancien membre du réseau salafiste extrémiste (dissous) Al-Mouhajiroun, actuellement en procès pour avoir soutenu ouvertement l'Etat islamique depuis juin 2014 et connu pour ses prêches djihadistes, la Grande-Bretagne devrait choisir de rester dans l'Union européenne.

L'homme estime notamment que les lois de l'UE permettent de «stopper les déportations injustes» et qu'en restant dans l'UE, la Grande-Bretagne accueillera plus de réfugiés. «Quand on parle de protection des droits de l'homme et de libertés civiles, il y a un recours, grâce à l'UE, pour les personnes dont les droits sont violés», a-t-il déclaré selon le quotidien britannique The Sun

Il a également fait savoir que Daesh se «frotterait les mains» en cas de Brexit, qui, selon lui, affaiblirait l'armée britannique, surtout si l'Ecosse venait un jour à obtenir son indépendance du Royaume-Uni.