Lors d'une conférence de presse très attendue avec David Cameron, le chef de l'Etat américain a été on ne peut plus clair : en cas de Brexit, le Royaume-Uni serait mis au bout de la file d'attente pour tout accord commercial avec les Etats-Unis.
Le ton sur lequel Barack Obama a répondu à ceux qui se prononcent en faveur d'une sortie du Royaume-Uni de l'UE était donc plutôt cassant.
Véritable mise sous pression des partisans du Brexit
«Je pense que le moment est venu pour que le président des Etats-Unis leur dise ce que les Etats-Unis vont faire. Et je peux vous garantir que les Etats-Unis n'accepteront de discuter d'accord commerciaux qu'avec le grand et puissant bloc de nations qu'est aujourd'hui l'UE, et uniquement avec eux», a asséné Barack Obama.
«Je vous le dis tout de suite, le Royaume-Uni va se retrouver tout au bout de la file d'attente», a ajouté le président américain.
Aux cotés du président américain, David Cameron a tout de même déclaré que le référendum sur le Brexit était le «choix souverain du peuple britannique», mais qu'il était «important pour les électeurs d'écouter attentivement les avis et opinions de leurs principaux alliés, comme le président [des Etats-Unis]».
«Barack Obama a mis clairement en lumière une question vitale en matière de commerce et nous ne devons surtout pas oublier les enjeux historiques des négociations de ce grand accord commercial international entre l'Union européenne et les Etats-Unis», a rappelé le Premier ministre britannique.
De fait, le discours de Barack Obama a été clair : les Etats-Unis ne conclueront de partenariats qu'avec le bloc de l'UE et un Brexit signifierait une fragmentation des nations, ce qui pourrait être fatal aux accords commerciaux de premier plan et provoquerait une division au niveau mondial.
Poursuivant sa diatribe anti-Brexit, le chef de l'Etat américain, un brin menaçant, a déclaré : «Si j'étais un citoyen britannique, je réfléchirais à deux fois avant de rejeter un marché qui représente à lui seul 44% des exportations britanniques et dont dépendent des millions d'emplois et un potentiel commercial immense.»
Après ce véritable «coup de pression», Barack Obama s'est tout de même voulu rassurant, indiquant que ces mots n'étaient «pas une menace, mais uniquement son point de vue».
En parlant du référendum sur la sortie de l'UE, le président américain a rappelé qu'il s'agissait là d'une «décision cruciale que doivent prendre les citoyens du Royaume-Uni». «Ce n'est pas une menace, ni une consigne de vote, je donne simplement mon point de vue, tel que cela se fait dans les démocraties. Il ne faut pas avoir peur d'écouter les arguments de ses partenaires», a-t-il martelé.
Barack Obama a ensuite voulu tempérer ses propos en s'engageant dans une série de compliments envers la reine d'Angleterre Elisabeth II, qui fêtait aujourd'hui [le 21 avril] son 90e anniversaire. «C'est une personne étonnante, incroyable, un vrai bijou dans l'Histoire de l'humanité, c'est même une de mes personnalités préferées», a-t-il poursuivi sur un ton on ne peut plus bienveillant.
Boris Johnson dans le viseur
Le maire de Londres, ardent défenseur d'une Grande-Bretagne indépendante de l'Union européenne en a également pris pour son grade. Il avait en effet déclaré dans les colonnes du Sun que l'UE «commençait à prendre la forme d'un super Etat fédéral», en fustigeant le fait que Barack Obama avait fait enlever un buste de Winston Churchill du Bureau ovale, ce qui constituait selon lui «pied de nez à la Grande-Bretagne».
Ayant visiblement réponse à tout, le locataire de la Maison Blanche s'est défendu en assurant qu'il avait fait installer un autre buste de Churchill dans son bureau privé, situé au deuxième étage de la Maison Blanche. «J'adore ce mec !», a-t-il assuré.
Cependant, le buste en question a été remplacé, selon Barack Obama, par celui de Martin Luther King «pour me rappeler le travail immense d'un homme appartenant à une catégorie de citoyens qui m'ont permis d'avoir les responsabilités que j'ai aujourd'hui et d'être assis dans ce bureau».
Boris Johnson a lui, décidé de ne pas jeter d'huile sur le feu, affirmant qu'il était «un fan d'Obama», avant d'ajouter : «Je pense tout de même qu'il y a un paradoxe étrange, lorsque le président des Etats-Unis, un pays qui ne partagera jamais sa souveraineté sur quoi que ce soit, nous demande poliment de nous impliquer encore plus dans l'UE, alors que c'est ce qui fait déjà 60% de nos lois.»
Le maire de Londres a néanmoins voulu ménager ses propos en ajoutant : «Je suis honoré d'être l'ami de Barack. Il m'a appris les règles du basket-ball, il m'a battu au tennis de table. C'est un homme qui donne de sages conseils et qui a un très grand coeur. Il sera toujours mon ami et celui du Royaume, tout le monde le sait.»
En juin prochain, les citoyens britanniques voteront lors d'un référendum historique pour décider si oui ou non, le Royaume-Uni doit rester dans l'Union européenne.