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Le haut-commissaire de l'ONU pour les réfugiés inquiet du «climat de xénophobie» en Europe

Le haut-commissaire de l'ONU pour les réfugiés, Filippo Grandi, s'est inquiété du «climat de xénophobie» qui règne en Europe dans un entretien accordé à l'AFP à Téhéran avant la célébration lundi 19 juin de la journée mondiale des réfugiés.

«La responsabilité des hommes politiques devrait être d'expliquer que l'immigration, par certains aspects, contribue en fait au développement des sociétés et que les réfugiés [...] ont besoin de protection, car ils ne constituent pas un danger mais fuient des endroits dangereux», a affirmé Filippo Grandi, venu en Iran pour évoquer la situation des réfugiés afghans dans ce pays.

Pour lui, «ceux qui font le contraire et montent l'opinion publique contre les réfugiés et les migrants créent un climat de xénophobie qui est très inquiétant dans l'Europe d'aujourd'hui». Et cela «donne un mauvais exemple aux pays» qui ne sont pas dans l'Union européenne (UE).

Filippo Grandi, qui a pris ses fonctions en janvier, a regretté que «les bonnes décisions» prises l'an dernier par l'UE pour mieux gérer l'afflux de millions de réfugiés sur son territoire n'aient «pas été appliquées». Ce fut, a-t-il affirmé, «une occasion manquée», car ensuite «chaque pays a pris ses décisions séparément, des frontières ont été fermées».

«Les deux-tiers des personnes déplacées dans le monde sont des déplacés internes»

«J'espère qu'à l'avenir l'Europe va reprendre la discussion afin d'avoir un système de gestion de l'afflux des réfugiés plus collectif et collégial, basé sur la solidarité et un partage des tâches entre Etats, plutôt que d'essayer d'agir seuls avec comme résultat quelques pays qui accueillent un grand nombre de réfugiés et d'autres qui ferment leurs frontières», a-t-il indiqué.

Filippo Grandi s'est en outre inquiété de la situation «des personnes déplacées» à l'intérieur des pays en guerre, particulièrement au Moyen-Orient. «Les deux-tiers des personnes déplacées dans le monde sont des déplacés internes», selon lui. «Nous en avons des millions en Afghanistan, en Syrie, en Irak, au Yémen. Ils sont les plus difficiles à atteindre, car ils sont généralement pris dans les guerres et il est par conséquent dangereux de leur porter assistance». «Ce n'est pas spécifique au Moyen-Orient, mais c'est d'une ampleur considérable dans cette région», a-t-il remarqué.

Les difficultés à soulager les souffrances des réfugiés et déplacés internes sont «d'abord un échec politique à résoudre les conflits, pas un échec de l'aide», selon lui.

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