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Le représentant de l’UE en Turquie démissionne après des commentaires jugés «insultants» par Ankara

Critiqué par le gouvernement turc après avoir déclaré que ce dernier ne remplissait pas les critères imposés par Bruxelles en échange de la libéralisation des visas vers l’Europe pour les citoyens turcs, le diplomate Hansjoerg Haber a démissionné.

L’Union européenne «continuera à travailler avec la Turquie […], un partenaire clé», a toutefois indiqué une porte-parole de la Commission européenne, Maja Kocijancic, assurant que le successeur de Haber serait bientôt désigné.

Le 13 mai, l’ambassadeur, de nationalité allemande, avait parodié l’expression locale «commencer comme un Turc et terminer comme un Allemand», qui fait référence à un stéréotype sur les Turcs, qui commenceraient les choses avec enthousiasme mais ne feraient pas l’effort de les terminer, quand les Allemands sont eux réputés pour leur discipline et leur capacité à réaliser une tâche de bout en bout.

Ici, «cela a commencé comme un Allemand et cela se termine comme un Turc», avait déclaré l'ambassadeur. Il pointait du doigt le manque d’implication du gouvernement turc dans la réalisation de 72 conditions définies par l’UE dans sa feuille de route de 2013, afin de permettre en échange aux citoyens turcs de se rendre sans visa dans l’espace Schengen.

Le commentaire n’a pas apaisé les esprits, alors que le président turc Recep Tayyip Erdogan avait auparavant menacé d’annuler l’accord entre Bruxelles et Ankara sur la question des migrants, si un accès sans visa n’était pas garanti aux Turcs en Europe avant le premier juillet.

Dans la foulée, le diplomate avait été convoqué par le gouvernement, l’accusant d’avoir insulté le peuple turc et son président.

Aller plus loin : Angela Merkel serait «prête à céder au chantage de la Turquie» sur le régime de visas

L’une des conditions préalables exigées par l’Union européenne pour libéraliser le régime de visas est que la Turquie limite ses lois «antiterroristes», que le gouvernement a par le passé utilisées pour museler les médias et les intellectuels de l’opposition. Ankara refuse, prétextant qu’il s’agit de protéger ses citoyens des «terroristes», faisant allusion aux milices kurdes.

Malgré les divergences, certains indices «suggèrent que les Allemands pourraient arriver in extremis à un compromis afin de préserver l’accord UE-Turquie», laisse entendre un document fuité de l’ambassadeur britannique à Berlin, cité par le journal Daily Telegraph. L’Allemagne serait en effet prête à infléchir sa position afin de ne pas mettre en péril l’accord sur les réfugiés, au moment où le continent européen traverse sa plus grave crise migratoire depuis la Seconde guerre mondiale.

Conformément à l’accord, la Turquie devrait reprendre les réfugiés qui traversent la Turquie pour rejoindre l’Europe, en échange d’une aide financière de six milliards d’euros accordée par Bruxelles. L’UE a également promis d’accélérer les processus de libéralisation des visas pour les Turcs et de rouvrir les négociations pour l’adhésion de la Turquie à l'union.