«Nous voulions croire que cela faisait partie de la musique», a déclaré Carlos Rosario, client de la boîte de nuit le Pulse, à propos des premiers coups de feu. Carlos venait tout juste de commander un verre quand les tirs ont commencé.
Le premier instant d'incompréhension passé, les gens ont réalisé ce qui était en train de se passer. Très rapidement, la boite de nuit a envoyé un message sur sa page Facebook disant «Fuyez tous le Pulse et courrez».
Comme Carlos, beaucoup se sont précipités vers les sorties. Alors qu'il tentait de fuir, Carlos a senti qu'on le saisissait par le col. Il se retourna et vit un homme couvert de sang.
Puis les coups de feu ont continué, suivi par des cris. Des corps sont tombés, des morts et des blessés pêle-mêle. D'autres rampaient vers les portes ou faisaient semblant d'être morts. «Je me cachais derrière ma cabine», témoigne à son tour Ray Rivera, qui travaillait en tant que DJ. «Les gens se cachaient derrière moi», explique-t-il.
Ray et d'autres ont réussi à s'échapper lors d'un bref répit dans la fusillade et se sont cachés dans le parking avant de courir vers un endroit plus sûr.
Omar Mateen a en effet interrompu son saccage sanglant dans la boîte de nuit en Floride afin d'appeler le numéro d'urgence 911 et de faire part à un opérateur de son allégeance à l'Etat islamique. Il s'est ensuite mis à prier alors qu'il était toujours au téléphone.
Puis la fusillade a repris, et la prise d'otages a commencé. C'est ainsi qu'un groupe de personnes s'est retrouvé barricadé dans les toilettes avec le tueur.
«Il arrive, je vais mourir»
«Il arrive», a raconté en direct un jeune homme de 30 ans nommé Eddie par sms à sa mère. Cette dernière a décidé de révéler ses derniers échanges bouleversants avec son fils. Eddie pensait être en sécurité dans les toilettes quand soudain il réalise son erreur et en fait part à sa mère : «Il nous a et il est ici avec nous».
Réveillé par ce sms, à 2 heures du matin passées, la mère ne comprend pas et demande à son fils de quelle boite de nuit il s'agit. Il lui explique alors qu’il est pris au piège par des tirs à l’intérieur du Pulse.
Près de quinze heures après son dernier message, Mina Justice attendait toujours des nouvelles, notamment via les listes de survivants délivrées régulièrement par la police, en vain. «J’ai un pressentiment. Un mauvais pressentiment», confiait-t-elle à AP juste avant d'avoir le cœur net sur le sort d'Eddy. Le nom de son fils figure hélas depuis lundi matin dans la liste des victimes.
Voici l'intégralité de leurs échanges, retranscris par Le Monde :
Eddie : «Maman, je t’aime» (2 h 06)
Eddie : «Ils tirent dans la boîte»
Mina : «Tout va bien ?»
Eddie : «Je suis enfermé dans les toilettes» (2 h 07)
Mina : «Quel club ?»
Eddie : «Le Pulse. Dans le centre-ville. Appelle la police»
Eddie : «Je vais mourir» (2 h 08)
Mina : «Je les appelle maintenant»
Mina : «Tu es toujours là ?»
Mina : «Décroche ton foutu téléphone»
Mina : «Appelle-les»
Mina : «Appelle-moi»
Eddie : «Appelle-les Maman» (2 h 39)
Eddie : «Maintenant»
Mina : «Y a-t-il des victimes ?»
Eddie : «Beaucoup. Oui»
Mina : «Tu es avec la police ?»
Mina : «Ecris-moi s’il te plaît»
Eddie : «Non» (2 h 46)
Eddie : «Suis toujours dans les toilettes. Il nous tient. Il faut qu’ils viennent nous chercher»
Mina : «La police est là, dis-moi quand tu verras la police» (2 h 49)
Eddie : «Vite» (2 h 49)
Eddie : «Il est dans les toilettes avec nous» (2 h 50)
Eddie : «Dans les toilettes des femmes» (2 h 50)
Mina : «Est-ce que l’homme est dans les toilettes avec toi ?»
Eddie : «C’est un terroriste»
Eddie : «Oui» (2 h 51)
Mina : «Tu es blessé ?»
Mina : «Reste où tu es, il n’aime pas les gays» (2 h 52)
Mina : «Ecris-moi s’il te plaît» (2 h 53)
Mina : «Je t’aime» (2 h 54)
Mina : «Reste par terre»
Mina : «Mon chéri, écris-moi»
Au total, la fusillade, qui s’est déroulée dans la boîte de nuit gay à Orlando, a fait 50 morts et 53 blessés. L’assaillant était un citoyen américain du nom d’Omar Mateen, qui, d’après l’agence de presse Amaq était «un combattant de l’EI». Il a été tué au cours de l’opération de police.