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ONU : le lanceur d'alerte au cœur du scandale des abus sexuels des Casques bleus démissionne

Dénonçant la totale impunité de ceux jugés coupables d'abus sexuels en Centrafrique parmi les forces de l'ONU, le directeur des opérations de terrain du bureau des Nations Unies pour les droits de l'Homme basé à Genève a préféré démissionner.

«La totale impunité pour ceux qui ont abusé de leur autorité, à divers degrés, associée au manque de volonté de la hiérarchie d’exprimer tout regret [...] confirmeque l’ONU n’a pas l’habitude de rendre des comptes», a déclaré Anders Kompass cité par l’ONG UN Watch, mardi 7 juin. «Dans ces conditions, il est impossible pour moi de continuer à travailler ici», a-t-il ajouté.

Le Suédois, Anders Kompass a travaillé à Genève pendant plus de trente ans pour le compte de l’ONU. Accusé d'avoir transmis en 2014 aux autorités françaises un document confidentiel révélant des accusations de viols d’enfants par des soldats français en République centrafricaine, il avait été blanchi de ces accusations en mai 2015, suite à une enquête. Sa démission prendra effet fin août.

L’ONU fait face depuis plusieurs mois à un scandale lié aux abus dont sont accusés des casques bleus, notamment français, en opération dans des pays où ils sont censés protéger les populations.

Selon le dernier rapport annuel du secrétaire général de l’ONU, 69 agressions sexuelles auraient été commises par des casques bleus en 2015, en «nette augmentation» par rapport à 2014. A elles seules, deux missions cumulent la moitié des cas : la Minusca en Centrafrique et la Monusco en République démocratique du Congo.

Dans un rapport publié en décembre 2015, un groupe d’experts indépendants avait déjà vivement critiqué la manière dont l’ONU avait réagi aux accusations de viols, notamment d’enfants, en Centrafrique.