Dans le reportage de France 2, qui contient des images tournées en Syrie dans le camp d'entraînement d'Omar Diaby, l’homme accorde un entretien exclusif de plusieurs minutes. C'est le djihadiste lui-même qui a contacté les journalistes quand il a su qu'ils s'intéressaient à ses techniques de propagande. Le Monde a pu visionner les rushes de cette interview, dans laquelle ce Niçois d'origine sénégalaise de 41 ans explique notamment avoir subi une «intervention chirurgicale» dans un «pays arabe».
«Lorsque l’on va dans un pays qui n’est pas le nôtre, on n’a pas le droit d’imposer immédiatement des lois que le peuple n’arrive pas à comprendre. […] On éduque d’abord la population, on lui fait comprendre et aimer la religion. La charia, ce n’est pas couper des mains, ce n’est pas lapider les femmes ou les hommes adultères», explique-t-il tout en justifiant les attentats du 13 novembre : «Ils ont été faits en représailles aux frappes françaises sur des femmes et des enfants.»
Omar Diaby a aussi justifié cette attaque meurtrière qui a fait quelque 130 victimes à Paris par le fait que les Français auraient élu un président de la République dont le programme prévoyait une intervention en Syrie, ce qui, selon lui, n’était pas une bonne politique.
C’est aussi par cet argument qu’il a expliqué son soutien à la candidate du Front national pour la prochaine présidentielle : «Si les Français ne veulent pas la guerre, ils votent Marine Le Pen. C’est une femme, d’accord, qui est, on peut dire, raciste, mais au moins elle défend les vraies valeurs de la France. Cette femme a demandé aux troupes françaises de revenir parce que cette guerre-là ne les concernait pas.»
La mort du recruteur avait été annoncée pendant l'été 2015 mais elle n’a jamais été officiellement confirmée. Dans un document de l’émission Complément d'enquête, diffusé jeudi prochain sur France 2, on apprend qu'Omar Diaby, alias Omar Omsen, aurait fait courir la rumeur de son décès pour se faire soigner à l'étranger.
Il était à la tête d'une brigade de combattants affiliée au Front Al-Nosra, branche syrienne d'Al-Qaïda. Il avait réussi à recruter une centaine de jeunes Français, originaires de Nice pour la plupart, ville où il a grandi. Omar Diaby avait commencé à diffuser ses vidéos de propagande au milieu des années 2000.