Greenpeace vient d'envoyer un rapport à une centaine de clients du bois et papier issus de la forêt boréale canadienne. L'organisme dénonce l'exploitation de la forêt des Montagnes Blanches, l'un des derniers habitats du caribou forestier, au nord du Lac Saint-Jean.
Le ministre libéral des Forêts, Laurent Lessard, a sonné la charge contre l’ONG, le 25 mai dernier. «Je déteste le dénigrement systématique de la forêt québécoise qui est fait [auprès des clients internationaux]», a déclaré le ministre en furie, soutenant que l’exploitation forestière dans la région des Montagnes Blanches a été autorisée en vertu du «régime forestier le plus sévère au monde». Le ministre Lessard, a rappelé qu’il était allé plaider personnellement auprès du Forest Stewardship Council (FSC) en faveur du travail exemplaire de son gouvernement. «J’étais incapable de trouver dans le monde un autre Etat qui en avait fait autant que le Québec et à ce jour, personne ne me contredit là-dessus !», a-t-il confié. Laurent Lessard a également rappelé qu’une démarche d’intervention sur le caribou forestier dans un secteur des Montagnes Blanches est en cours, menée par le ministère de l’Environnement du Québec.
Selon un communiqué de Greenpeace, le Québec a mis aux enchères plus de 16 000 hectares des Montagnes Blanches depuis 2013. Les plus bas enchérisseurs ont été Arbec et Produits forestiers Résolu, qui paient aussi peu que 0,35 dollar (0,24 euro) par arbre dans certains secteurs, a précisé l’organisme. Il n'en fallait pas plus pour déclencher une polémique dans la population sur les médias sociaux, certains appuyant le gouvernement, d'autres l'ONG écologiste.
De nombreux citoyens québécois se sont montrés virulents envers leur gouvernement.
L'organisation écologique a réagi à la sortie du ministre et tient à rappeler que ses données sont fondées sur des images satellites compilées par l’Université du Maryland. «Est-ce que Monsieur Lessard laisse sous-entendre que les satellites font de la désinformation ?», a demandé Nicolas Mainville, le biologiste responsable de la campagne Forêts de Greenpeace Canada.
Pour le ministre des Forêts, il est évident que Greenpeace œuvre en faveur des rivaux du Québec sur les marchés internationaux. «Ils [les activistes de Greenpeace] me motivent encore plus, a-t-il lancé. Je vais lutter de toutes mes forces contre la désinformation. Quand quelqu’un fait une dénonciation, des reportages truffés d’erreurs, sincèrement il y a quelqu’un qui veut avantager un autre Etat forestier que le Québec. Mais ils vont me trouver partout où ce genre d’information ne représentera pas la réalité.»
Le gouvernement libéral de Philippe Couillard soutient qu’il protège 90% des forêts intactes au Québec : 80% dans des zones situées au nord de la limite nordique et 10% au sud, dans des zones protégées. Greenpeace affirme que ses demandes de rendez-vous avec le ministre sont restées sans réponse depuis plus d’un an, mais dit être toujours prêt à le rencontrer.