Le Premier ministre Manuel Valls a effectué a achevé mardi 24 mai une visite de trois jours en Israël et en Cisjordanie où il a rencontré tour à tour le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le chef du gouvernement palestinien Rami Hamdallah. Il est venu défendre l'initiative française de conférence internationale pour la paix à Paris prévu le 3 juin prochain qui vise à accueillir des négociations bilatérales entre Israéliens et Palestiniens.
Le Premier ministre palestinien Rami Hamdallah a rejeté la contre-offre israélienne à l'initiative française pour relancer le processus de paix, jugeant que son homologue israélien Benjamin Netanyahu cherchait à «gagner du temps». Le chef du gouvernement israélien avait proposé l'ouverture de négociations directes avec le président palestinien Mahmoud Abbas à Paris, «mais cette fois-ci il n'échappera pas à la communauté internationale», a-t-il affirmé, lors d'une conférence de presse à Ramallah en Cisjordanie occupée aux côtés du Premier ministre français Manuel Valls.
Benjamin Netanyahu a rejeté lundi le projet français de conférence internationale pour relancer l'effort de paix moribond avec les Palestiniens, proposant à Paris d'accueillir plutôt des négociations bilatérales entre Israéliens et Palestiniens, «le seul moyen de progresser vers la paix», selon lui.
Manuel Valls : «Le temps presse»
«Le temps presse», a insisté néanmoins Manuel Valls. Il a signifié à mots couverts que la France n'était pas prête à reconsidérer son plan de marche après la contre-offre de Benjamin Netanyahu. «Les Israéliens savent que cette conférence internationale va avoir lieu le 3 juin à Paris», a-t-il dit sur la radio française Europe 1. «Ils savent que les Américains par exemple y seront présents avec le secrétaire d'Etat John Kerry et qu'il faut à tout prix dialoguer avec les pays arabes».
Paris dit vouloir remobiliser la communauté internationale autour d'une «solution à deux Etats» à la faveur d'une grande conférence qui aurait lieu à l'automne avec les Israéliens, les Palestiniens et les grands acteurs concernés. Pour en jeter les bases, elle réunit le 3 juin les chefs de la diplomatie d'une vingtaine de pays et les représentants de grandes organisations internationales, mais sans les Israéliens et les Palestiniens pour ne pas vouer d'emblée l'effort à l'échec.
Manuel Valls a réclamé l'arrêt de la colonisation, en petit comité
Le constat français est que les négociations directes israélo-palestiniennes n'ont mené nulle part ces dernières années et que le statu quo menace de dégénérer en une nouvelle escalade.
Des violences sur le terrain ont fait plus de 230 morts depuis le 1er octobre. «Il faut sortir de l'impasse», a déclaré Manuel Valls.
Dimanche et lundi en Israël, le Premier ministre français avait multiplié les gestes symboliques et les déclarations d'amitié envers l'Etat hébreu pour convaincre que la France n'avait pas d'autre parti pris que la paix. Il s'est employé à procéder de même lundi et mardi auprès des Palestiniens, eux largement acquis pour leur part aux efforts français.
Evoquant la question des 600 000 colons israéliens installés en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est, qu'Israël a annexée illégalement aux yeux de la communauté internationale, Manuel Valls a réclamé l'arrêt de la colonisation, considérée comme un obstacle majeur à la paix. «Si l'objectif, c'est deux Etats, mais si l'Etat palestinien est mité (par les colonies israéliennes), avec des territoires qui n'ont plus la capacité de se développer parce qu'il y a le mur (de séparation israélien), ça ne sera pas viable», a-t-il dit en petit comité.
L'ancien ministre socialiste du Travail, Benoit Hamon, est une des rares personnalités politiques françaises à s'être exprimé publiquement sur le sujet. Connu pour ses positions en faveur de la reconnaissance d'un Etat palestinien, il a critiqué un «renoncement» de Manuel Valls qui a «cédé» à Israël en refusant d'envisager une reconnaissance de l'Etat palestinien. L'ancien ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius avait pourtant indiqué il y a quelques mois qu'un échec de la conférence de Paris entraînerait le gouvernement français à reconnaître l'Etat de Palestine.
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