Manuel Valls entame un voyage particulièrement sensible en Israël et dans les territoires palestiniens. Paris, qui a affiché sa volonté de relancer le processus de paix au Proche-Orient, mène à présent un périlleux exercice d'équilibriste afin de ne pas s'attirer les foudres des autorités israéliennes, encore courroucées par les dernières résolutions françaises en faveur d'une reconnaissance de l'Etat palestinien.
La reconnaissance de l'Etat palestinien écartée (définitivement ?)
Fin janvier, Laurent Fabius, depuis remplacé au Quai d'Orsay par Jean-Marc Ayrault, avait affirmé qu'en cas d'échec de l'initiative française, «nous devrons prendre nos responsabilités en reconnaissant l'Etat palestinien». Israël avait fait de ces propos l'un de ses arguments primordiaux contre l'initiative française en faisant valoir que celle-ci était inutile puisque le résultat en était connu d'avance. Jean-Marc Ayrault, qui a repris la conduite de l'initiative, a considérablement atténué le propos depuis en déclarant qu'une reconnaissance n'était pas «automatique» en cas d'échec.
Le chef du gouvernement a abondé dimanche : «L’objectif, c’est d'aboutir à la création d’un État palestinien. C’est de permettre que votre aspiration nationale puisse enfin se concrétiser. Dire aujourd’hui quand nous reconnaîtrons l’Etat palestinien, c’est acter par avance l’échec de notre initiative», a-t-il dit.
«Nous ne nous situons évidemment pas dans cette perspective. Au contraire, nous allons mobiliser toute notre énergie pour tenter de faire progresser votre projet national, aux côtés d’Israël dont nous devons par ailleurs garantir la sécurité», a affirmé le Premier ministre. Manuel Valls a exposé à nouveau le constat français selon lequel «plus le temps passe, plus la viabilité d'un Etat palestinien s'estompe sous l'effet d'une colonisation qui se développe».
«L’arrêt de la colonisation est un impératif. Car on ne peut pas vouloir à la fois discuter de la paix, être sincère dans la négociation et continuer dans le même temps à pratiquer le fait accompli sur le terrain», a-t-il insisté.