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Le président Erdogan appelle l'Europe à accueillir plus de réfugiés

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé dans un article pour le Guardian que l'Europe ne faisait pas assez d'efforts pour accueillir une partie des trois millions de réfugiés syriens qui sont réfugiés à la frontière turque.

Ces remarques de Recep Tayyip Erdogan publiées dans le quotidien anglais The Guardian interviennent en pleine campagne sur le Brexit alors que les Britanniques sont appelés à voter le 23 juin pour ou contre la sortie de l'Union européenne (UE). L'argument de ceux qui militent en faveur du départ de l'UE est justement qu'en s'y maintenant, la Grande-Bretagne ferait, selon eux, face à un énorme afflux d'immigrés turcs car les négociations pour l'admission de la Turquie dans l'UE ont été réactivées.

Polémique autour de la mise en place de l'accord UE-Turquie sur les réfugiés

«Alors que la guerre civile syrienne entre dans sa sixième année, nous appelons le monde à relever le défi et à créer un mécanisme équitable de partage de la charge», a écrit le président turc, avant de poursuivre : «Pour garder l'immigration clandestine sous contrôle, l'Europe et la Turquie doivent travailler ensemble pour créer des mécanismes juridiques, tels que l'accord trouvé en mars 2016, pour la réinstallation des réfugiés syriens. En récompensant ceux qui respectent les règles et en faisant clairement comprendre que les immigrants illégaux seront renvoyés en Turquie, nous pouvons convaincre les réfugiés de ne pas risquer leur vie en mer.»

Directeur adjoint du département turc pour la migration, l'asile et les visas, Esen Altug avait envisagé que près de 500 000 réfugiés syriens soient réinstallés en Europe. L'appel d'Erdogan est lancé après que l'UE a révélé que seulement 177 Syriens venus de Turquie avaient été autorisés à s'installer en Europe depuis la signature de l'accord sur les migrants entre Bruxelles et Ankara en mars dernier.

Mais cet accord continue de faire polémique. Il prévoit que le pays bloque sur son territoire les réfugiés syriens. En échange, l'UE s'est engagée à fournir des visas à ces migrants qui pourront ainsi entrer légalement dans l'espace communautaire. Selon l'accord trouvé, le processus d'adhésion de la Turquie à l'UE est également accéléré tandis qu'une libéralisation des visas doit être mises en place pour les citoyens turcs qui veulent venir en Europe. Elle concerne les Turcs souhaitant effectuer des séjours limités à 90 jours dans les pays de l'espace Schengen, soit 22 des 28 pays de l'UE.

La tension est montée d'un cran entre les deux partenaires, l'UE reproche à la Turquie de ne pas mettre en place les contreparties démocratiques nécessaires à la mise en place de l'accord, notamment en ce qui concerne la liberté d'expression et la démocratie. 

Sommet humanitaire mondial : une «feuille de vigne» pour cacher les échecs internationaux, selon MSF

Recep Tayyip Erdogan a publié ses réflexions alors que, le 23 mai, s'est ouvert à Istanbul le sommet humanitaire mondial organisé par les Nations unies. Une soixantaine de chefs d'Etat, 135 pays, ainsi que de nombreuses organisations humanitaires y seront représentés. L'ONU veut en effet pousser la communauté internationale à adopter de nouvelles normes humanitaires mondiales car à l'heure actuelle, près de 130 millions de personnes ont besoin d'aide humanitaire.

En tant qu'hôte de cette conférence, le président Erdogan a tenu à s'associer à ces objectifs : «Le sommet humanitaire mondial se réunira pour répondre à ces problèmes urgents, chercher à corriger les défauts du système humanitaire et prendre un engagement à long terme pour développer de nouvelles capacités», a-t-il indiqué.

Mais les critiques à l'encontre de cette conférence sont nombreuses. Médecins sans frontières (MSF) qualifie notamment ce rassemblement de «feuille de vigne» pour cacher les échecs internationaux. Certains considèrent le rôle joué par la Turquie comme un exemple des défauts de cette conférence. Le pays est l'hôte de la réunion alors que les médias d'opposition sont durement réprimés et que le traitement des réfugiés ne serait pas aussi généreux que les politiciens turcs veulent bien le dire. MSF a même quitté la conférence, en disant ne plus croire que les dirigeants participant à cette réunion avaient un désir sincère de prendre des engagements contraignants.

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