International

Allemagne : le parti de droite anti-islam AfD veut se rapprocher du Front national français

Alternative für Deutschland (AfD), parti de droite anti-islam veut renforcer sa coopération avec le Front national (FN) français et d'autres partis eurosceptiques, a affirmé sa co-présidente dans un entretien à paraître le 24 mai.

«La coopération avec le Front national au niveau européen est souhaitable en terme de Realpolitik», a expliqué Frauke Petry dans le quotidien munichois Münchner Merkur, selon des extraits diffusés le 23 mai déjà, alors qu'en Autriche, le candidat de l'extrême droite a été battu de justesse à l'élection présidentielle.

«Nous voulons un grand groupe parlementaire eurosceptique» au Parlement européen, où l'AfD dispose de deux élus, a-t-elle ajouté alors que depuis plusieurs mois, les partis populistes progressent sur le Vieux Continent. «Un groupe parlementaire eurosceptique doit rassembler si possible toutes les forces eurosceptiques pour avoir de l'influence», a poursuivi la co-présidente de l'AfD qui ne compte pas plus de trois ans d'existence.

«L'Allemagne, la France et la Grande-Bretagne doivent coopérer si nous voulons réformer cette Union européenne. On ne peut pas le faire sans le Front national», a insisté Frauke Petry.

La question d'un rapprochement avec le FN occupe la direction du parti depuis plusieurs semaines même si l'AfD a souvent critiqué certains pans du programme du parti de Marine Le Pen, notamment ceux qui touchent à l'économie.

Des dérapages verbaux liés à l'Holocauste

Certains craignent également, au sein de l'AfD, de se rapprocher d'un parti français connu par le passé pour certains dérapages verbaux liés à l'Holocauste, un sujet encore tabou en Allemagne. L'AfD, créé par des opposants à l'euro dont certains ont été évincés de la direction du parti, est déjà la cible de maintes critiques visant notamment sa dérive droitière et ses saillies anti-islam.

Mais le député européen Marcus Pretzell, par ailleurs compagnon de Frauke Petry, a récemment décidé de rejoindre le groupe parlementaire emmené par le FN au Parlement européen. Illustration des divergences qui animent le parti allemand alors qu'un vote délicat sur un rapprochement avec le FN avait été évité au début du mois lors du congrès de l'AfD.

L'AfD s'est installée dans le paysage politique allemand à la faveur de la «crise» des réfugiés. L'arrivée de 1,1 million de candidats à l'asile l'an dernier a bouleversé les Allemands et inquiété une certaine partie de la population. Le parti, qui a effectué une percée spectaculaire lors de trois récents scrutins régionaux, est actuellement crédité de quelque 15% des intentions de vote, selon divers sondages.

Lire aussi : «Ingérence», «mépris»... Pour Marine Le Pen, les récents propos d'Angela Merkel ne passent pas