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«Horrible mais possible» : d’autres cas d’abus sexuel par les casques bleus pourraient être révélés

A la suite des révélations de choc concernant des agressions sexuelles sur des enfants en Centrafrique par les forces françaises de maintien de la paix, l’ONU a prévenu qu’il était «horrible mais possible» de découvrir davantage de cas similaires.

L’enquête se poursuit sur les crimes présumés des soldats français et la mauvaise conduite des troupes. Le porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme Rupert Colville a admis qu’il «possible, horriblement possible» que des enquêtes séquentielles révèlent plus de cas non signalés.

L’enquête française a révélé nombreux cas d’exploitation et d’abus sexuel des enfants par des militaires français préalablement à la création de la MINUSCA [Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine], la mission de maintien de la paix de l’ONU en Centrafrique. A l’issue d’une enquête qui a duré de juin 2013 à décembre 2014, Colville a qualifié les accusations d’«abjectes» et de complètement «odieuses».

Plus tôt cette semaine, the Guardian a publié un rapport confidentiel de l’ONU qui expose des cas de viol dans un centre pour les personnes déplacées à l'intérieur de l’aéroport international de Bangui, la capitale centrafricaine. Selon le rapport fondé sur les témoignages, les forces de maintien de la paix françaises, au lieu de protéger les enfants, ont sodomisé des garçons affamés et sans abri, dont certains étaient âgés de neuf ans seulement. Le porte-parole de l’ONU a admis que «seuls les Français peuvent mener cette enquête […] jusqu’au bout».

Entretemps, Paula Donovan de l’organisation AIDS-Free World a dit que les enfants entendus dans le cadre de l’enquête ont aussi accusé les soldats du Tchad et de Guinée équatoriale d’abuser des enfants sexuellement. Elle a aussi accusé l’ONU de tentatives de couvrir le scandale.

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«On peut dire que c’était une dissimulation de l’ONU», a dit Paula Donovan, co-directrice d’AIDS-Free World, à IBT.

«Les instincts inquiétants d’autodéfense sont tous dus au souci de protéger la bureaucratie, et pas de protéger, traiter les victimes et prévenir tout cas d’abus futur dans ces régions particulières ou dans d’autres régions partout dans le monde».

Elle a souligné que l’UNICEF et la Commission des Droits de l'Homme, après avoir interviewé les premières victimes, n’ont rien fait pour appréhender les responsables, malgré le fait qu’elles connaissent les traits physiques des assaillants.

«Il n’y a pas d’indication d’interventions de la part des enquêteurs pour s’assurer que les autorités appréhendent les coupables décrits par les premières victimes interrogées, et il n’y a pas d’indication que les enfants ont été transmis immédiatement aux professionnels aptes à leur fournir une aide médicale», a indiqué Paula Donovan.

«C’est très important, ce n'est pas seulement une question de responsabilité, mais aussi de dissuasion», a annoncé le Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l'homme vendredi. «Il y a eu trop d’incidents avec des troupes de maintien de la paix impliquées dans de telles agissements, soit au sein des forces de l’ONU, soit au sein de forces opérationnelles indépendantes comme dans ce cas».

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L’Organisation des Nations unies (ONU) a annoncé jeudi le début d’une enquête interne sur l’incident en Centrafrique, il s’agira également de savoir comment «les résultats préliminaires secrets ont été initialement transmis aux sources externes et si les noms de victimes, des témoins et des enquêteurs figuraient dans ce document».