Viols d’enfants en Centrafrique : «de fermes sanctions seront prononcées»
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Après la publication d’un rapport secret de l’ONU sur des viols d’enfants par des soldats français en Centrafrique, les autorités françaises ont été promptes à condamner ces actes, même si elles ont ouvert une enquête sur cette affaire en 2014.
«Si certains militaires se sont mal comportés, je serai implacable», a déclaré jeudi matin le président de la République François Hollande en visite à Brest. Selon le président français, il n'y a «aucune volonté de cacher quoi que ce soit», les faits étant en train d’être vérifiés «en toute transparence», même si l’enquête a été ouverte par la justice française il y a presque un an.
«Dès que les premières informations nous sont parvenues au ministre de la Défense et à moi-même, nous avons diligenté une enquête et nous avons saisi la justice», a confirmé François Hollande.
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Le ministère de la Défense a lui aussi affirmé dans la matinée qu’il était en train de «vérifier la réalité» des accusations de l’ONU dans le cadre d’une enquête entamée en juillet 2014, condamnant fermement les agissements présumés de militaires français. «Si ces faits sont avérés, ils vont à l'encontre de nos valeurs. De fermes sanctions seront prononcées», a assuré le conseiller de l'Etat-major des Armées, le colonel Gilles Jaron.
La procédure judiciaire a été provoquée le 29 juillet 2014 selon le colonel Gilles Jaron #Centrafrique#Bangui
— Quentin Michaud (@QuentinMchd) 30 Avril 2015
La voix du ministre des Finances Michel Sapin est venue s’ajouter au chœur des responsables français, avouant qu’il serait «choqué si les faits étaient avérés». Il a également appelé à la prudence «au moment où nous sommes en train de faire des efforts considérables du point de vue budgétaire», en faisant notamment allusion à l’augmentation du budget de la Défense décidée par François Hollande.
En savoir plus : La hausse du budget militaire aggravera les problèmes sociaux français
#Centrafrique "Si les faits sont avérés, les sanctions seront d'une très grande sévérité" — Michel Sapin #E1matinpic.twitter.com/TNFnLduhMy
— Europe 1 (@Europe1) 30 Avril 2015
Entretemps, le parquet de Bangui s’est dit consterné par les informations selon lesquelles les autorités françaises, en coopération avec l’ONU, ont mené une enquête sur le sol centrafricaine à son insu, «alors que les victimes sont à Bangui».
«Si les fait sont avérés, c'est une affaire extrêmement grave. Ce n'est pas parce qu'on est dans un pays en crise qu'on bafoue le droit», a déclaré un procureur centrafricain, après avoir annoncé que le parquet avait immédiatement ouvert sa propre enquête.
#Ndekeluka : Le parquet de #Bangui ouvre une enquête sur le viol allégué de mineurs par des soldats #Sangaris#CARcrisis
— Jean-Luc Mootoosamy (@supermootoo) 30 Avril 2015
L’attitude dissimulatrice de l’ONU dans cette affaire a pourtant été fermement critiquée par la Fédération internationale des Droits de l'Homme (FIDH). Florent Geel, responsable du bureau Afrique à la FIDH pointe du doigt la responsabilité de l'ONU qui «étouffe fréquemment certains crimes». La FIDH a en outre fermement critiqué la suspension du fonctionnaire Anders Kompass qui a transmis le fameux rapport aux autorités françaises après que les Nations unies ont décidé de ne pas enquêter sur ce cas.
Abus sexuels en #Centrafrique : "les soldats français devront rendre compte à la justice si les faits sont prouvés" @FlorentGEEL sur @BFMTV
— FIDH (@fidh_africa) 30 Avril 2015
Selon différentes informations, de treize à quatorze militaires français seraient concernés par ces accusations d’abus sexuels sur des enfants âgés de huit à quinze ans en Centrafrique. Certains d’entre eux auraient pu être identifiés, selon une source proche de l’enquête.