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Human Rights Watch : des garde-frontières turcs frappent et tuent des réfugiés syriens

En mars et en avril 2016, des gardes-frontières turcs ont tué cinq personnes et en ont blessé 14 autres, a fait savoir Human Rights Watch (HRW) en réclamant une enquête sur ces violences et déplorant que l’UE garde le silence.

L’ONG a répertorié sept incidents entre la première semaine de mars et le 17 avril lors desquels des garde-frontières ont abattu trois demandeurs d’asile (un homme, une femme et un garçon de 15 ans) et un contrebandier. Ils ont également battu à mort un autre passeur. De plus, huit demandeurs d’asile, dont trois enfants, ont été blessés, six autres ont été violemment agressés. Les Syriens habitant près de la frontière ont essayé de récupérer les corps, mais les gardes-frontières turcs les en ont empêché en leur tirant dessus. Un témoin a réussi à filmer des morts et des survivants, ainsi qu’à faire parvenir cette vidéo à HRW. Ces images horribles montrent les graves blessures infligées par les gardes-frontières turcs aux victimes.

«Tirer sur des hommes, des femmes et des enfants traumatisés qui fuient des combats et la guerre aveugle est vraiment épouvantable», s’insurge Gerry Simpson, qui travaille dans le programme pour les réfugiés de HRW.

L’organisation de défense des droits de l’homme appelle à enquêter sur ces cas de violations et a envoyé le 4 mars une lettre contenant ces révélations au ministre turc de l’Intérieur. L’ONG exige également la réouverture de la frontière turque pour les Syriens qui fuient le conflit, étant donné que la Turquie a terminé, début avril, la construction d’un tiers du mur en béton de 911 kilomètres qui s’étendra le long de la frontière avec la Syrie pour endiguer le flux de migrants.

Ces violences perpétrées à l’encontre des réfugiés syriens se produisent sans entraîner de réaction de l’Union européenne, ce que préoccupe aussi HRW. «L’UE ne doit pas rester à côté et observer la façon dont la Turquie utilise des balles réelles et des crosses de fusil pour endiguer le flux de réfugié», a déclaré Gerry Simpson. Le membre de l’ONG a aussi mentionné l’accord controversé entre l’UE et la Turquie en vertu duquel l’Europe versera un total de six milliards d’euros à Ankara tout en supprimant le régime de visa pour les Turques qui veulent se rendre en Europe. En contrepartie, la Turquie s’est engagée à prendre en charge sur son territoire les migrants et à leur fournir des conditions de vie décentes, soulageant ainsi la crise migratoire que connaît l’Europe. «Les responsables de l’UE doivent reconnaître que leur feu rouge à l’entrée des réfugiés dans l’UE donne un feu vert à la Turquie pour fermer ses frontières», a-t-il ajouté.

Selon l’ONG, ce n’est pas la première fois que des garde-frontières turcs ouvrent le feu contre des demandeurs d’asile syriens. En avril dernier, HRW avait rapporté des tirs de gardes-frontières turcs contre des Syriens qui fuyaient Daesh au nord-est d’Alep et le blocage de milliers de personnes déplacées après le bombardement, entre le 13 et le 15 avril, des camps dans lesquels ils vivaient.

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