Le service de presse est supervisé par le ministère de la Défense du Royaume-Uni. Il s’attache à produire des vidéos, des photos, des rapports militaires, des émissions de radio, et des posts sur les réseaux sociaux avec le logo des groupes d’opposition dans le but d’améliorer l’image des factions rebelles que le gouvernement britannique considère comme «l’opposition armée modérée».
A cet effet, Londres a mis en place un fonds dédié à la sécurité, la stabilité du conflit, par le biais duquel quelque 2,4 millions de livres, soit environ 3 millions d’euros, sont dépensés pour fournir un «soutien aux opérations médiatiques et de communications stratégiques à l’opération syrienne armée modérée», rapporte le Guardian qui a pu consulter les documents relatifs au projet.
L'opération médiatique du Royaume-Uni en Syrie au service des groupes d’opposition modérée a débuté après que le gouvernement britannique a échoué à convaincre le Parlement de soutenir les actions militaires contre le régime du président syrien, Bachar el-Assad. Ainsi, à l’automne 2013, le Royaume-Uni a décidé d’agir derrière le rideau afin d’influencer le cours de la guerre en Syrie, notamment en façonnant les perceptions relatives au groupes d’opposition.
Cette opération de communication s’applique aux groupes Harakat Hazm et Jaysh al-Islam, lesquels sont suspectés recevoir un soutien militaire et financier des Etats-Unis et de l’Arabie saoudite. En revanche, la Russie, qui a toujours demandé une clarification du terme «opposition modérée», a inscrit ces groupes dans sa liste des organisations terroristes. Le ministère russe des Affaires étrangères a par ailleurs déclaré à plusieurs reprises qu’on ne pouvait pas séparer les terroristes en «bons» et «mauvais».
Ingérence par soft-power ?
Les documents du projet, consultés par le Guardian, montreraient que le gouvernement britannique considère cette opération médiatique et de communication comme un point d’appui en Syrie jusqu’à ce qu’il y ait davantage d’implication militaire britannique dans le pays.
Le service de presse du Royaume-Uni en Syrie viserait par ailleurs à faire accepter les «valeurs modérées de la révolution» pour mouler une nouvelle identité syrienne qui rejetterait à la fois le régime du président Assad et l’Etat islamique.
Selon le Guardian, le projet de soutien médiatique aux groupes d’opposition armés «modérés» a été supporté par un certain Regester Larkin, consultant en communications internationales, et dirigé par un ancien lieutenant-colonel de l’armée britannique qui travaillait comme spécialiste des communications stratégiques pour le ministère de la Défense du Royaume-Uni.