«Concernant les amendes proposées par la Commission européenne : c’est un chantage», a déclaré le ministre hongrois des Affaires étrangères Peter Szijjarto à l'issue d'une réunion du groupe Visegrad à Prague. Ses participants, la Hongrie, la Pologne, la République tchèque et la Slovaquie, affichent leur opposition totale à la politique de quotas décidée par Bruxelles.
«Le système de quotas est une impasse et je voudrais demander à la Commission de ne pas prendre cette rue sans issue», a conclu Peter Szijjarto, en précisant que cette proposition était «inacceptable et non-européenne».
Le ministre de l’Intérieur de la Pologne, Mariusz Blaszczak, partage cette opinion, en soulignant qu’il que cela était contraire aux lois européennes, rapporte Reuters. «Ce n’est pas un bon système… Cela n’a aucun sens, c’est une violation des droits des Etats membres de l’UE», a-t-il déclaré.
Alors que cette proposition concerne la France dans une moindre mesure, plusieurs hommes politiques l'ont pointée du doigt. Ainsi, Florian Philippot, l'un des vice-présidents du Front national, l'a qualifiée de «coercition» intentée par la Commission européenne.
«Une contribution de solidarité»
La Commission européenne a proposé le mercredi 4 mai d'instaurer «une contribution de solidarité» pour tout pays refusant la répartition automatique des demandeurs d'asile dans l'UE, qui s'élèvera à 250 000 euros par personne, dans le cadre d'une révision du règlement Dublin, rapporte l'AFP.
Cette somme sera versée au pays qui accueillera une personne à la place de l'Etat membre refusant les demandeurs d'asile, a expliqué l'exécutif européen, en présentant une révision du règlement de Dublin qui fait le plus souvent peser sur le pays de première entrée la responsabilité d'une demande d'asile.
D’après le Financial Times, cette somme pourrait cependant être modifiée dans les jours qui viennent. «Le montant de la contribution pourrait changer, mais l’idée est de la faire ressembler à une sanction», a révélé un responsable européen proche des négociations. Une autre source a souligné qu’il s’agissait de «centaines de milliers d’euros» par réfugié.
L’objectif principal de la Commission est de redistribuer le poids de la crise migratoire parmi tous les Etats membres en utilisant un système automatique de quotas de demandeurs d’asile et en soulageant la Grèce et d’autres pays où arrivent la plupart des réfugiés. Cette proposition devrait aider à réaliser le projet de l’UE de reloger 160 000 migrants. Jusqu’à present, elle n’est parvenue à transférer que moins d’un pour cent de cet objectif.
Certains pays, notamment la Pologne, la Slovaquie, la Roumanie et la Hongrie, qui refusent d’accueillir de demandeurs d’asile, sont opposés à cette proposition. Ainsi, la Pologne avec un quota de 6 500 réfugiés devrait payer plus de 1 milliard d’euros si elle refusait de les accueillir. La Hongrie, qui n’a accepté aucun demandeur d’asile malgré un quota de 1 294 personnes risquerait une amende de 323 millions d’euros.
L’Europe est actuellement confrontée à la plus grave crise migratoire de son histoire depuis 1945. Les experts estiment que si l’Union européenne ne change pas sa politique envers les migrants, tout le système Schengen pourrait s’enfrondrer. Les contrôles temporaires instaurés par certains pays membres à leurs frontières laissent penser qu'ils ont raison.