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Brésil : WhatsApp recommence à fonctionner après plus de 24 heures de blocage

La messagerie WhatsApp a recommencé à fonctionner vers 18h GMT le mardi 3 mai au Brésil, après plus de 24 heures de blocage pour rétention d'informations dans le cadre d'une enquête.

«WhatsApp a présenté un nouveau recours ce matin qui a été accepté et le blocage a été levé», a expliqué un responsable de cette messagerie utilisée par plus de 100 millions de Brésiliens.

WhatsApp avait été bloqué lundi à 17h GMT, sur ordre d'un juge de la ville de Lagarto accusant Facebook, propriétaire de l'application, de ne pas avoir fourni d'informations sur des trafiquants de drogue brésiliens. Les cinq opérateurs de téléphonie brésiliens avaient, eux, respecté l'ordre judiciaire afin d'éviter une amende de 127 000 euros par jour.

Mark Zuckerberg : une coupure «effrayante dans une démocratie»

WhatsApp, qui a fait appel lundi soir, affirme avoir collaboré avec les tribunaux brésiliens et assure ne pas disposer des informations demandées. Mais un juge de seconde instance a rejeté l'appel mardi à l'aube et WhatsApp a présenté un nouveau recours.

C'est également un juge de seconde instance qui est revenu sur la décision de son collègue et a levé le blocage. Le tribunal de Lagarto n'a pas expliqué les raisons du changement de décision. Le fondateur de Facebook, l'Américain Mark Zuckerberg, a salué la reprise du service dans un message en anglais et en portugais publié sur sa page personnelle sur le réseau social. «Cela dit, l'idée que tout le monde au Brésil peut se voir refuser la liberté de communiquer de la manière qu'il veut est très effrayante dans une démocratie», y explique-t-il avant de déclarer : «Vous et vos amis pouvez aider à assurer que ça n'arrive plus jamais.»

Une sanction disproportionnée ?

Il a appelé les Brésiliens à signer une pétition en ligne sur Change.org demandant d'empêcher le blocage jugé inconstitutionnel de services en ligne dans le pays, et de participer en personne à un rassemblement pour soutenir «un internet libre et sans limites» prévu mercredi devant le Parlement à Brasilia.

Par ailleurs, la page web du département de la justice de l'Etat de Sergipe ne fonctionnait plus depuis lundi. Des hackers du groupe Anonymous Brésil ont affirmé à travers leur compte Twitter @anonopsbrazil qu'ils protestaient ainsi contre le blocage de WhatsApp. L'organisme de défense des consommateurs, Idec, avait estimé lundi que la gravité des faits «n'était pas proportionnelle» à la sévérité de la sanction de blocage, tandis que pour le président de l'Agence nationale de télécommunications (Anatel), Joao Rezende, «le blocage n'était pas la solution».

Le juge à l'origine de ce blocage avait décrété en mars la détention préventive de l'Argentin Diego Dzodan, vice-président de Facebook pour l'Amérique latine, invoquant aussi la rétention d'informations sur cette bande de trafiquants. Son incarcération avait été qualifiée de «mesure extrême» par Facebook. WhatsApp est installé sur plus de 90% des portables et smartphones du Brésil, un pays de plus de 200 millions d'habitants, et il est utilisé par plus de 100 millions de Brésiliens, selon des données de cette messagerie.

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