En prononçant un discours lors d’un symposium sur la sécurité à Berlin le 2 mai, le chef de l'Office fédéral allemand pour la protection de la Constitution (BfV) Hans-Georg Maassen a prévenu de «la dégradation de la situation sécuritaire en Allemagne», ajoutant que le climat politique du pays était «beaucoup plus difficile» aujourd’hui qu’avant, au regard de la radicalisation des Allemands et de l’activité des groupes islamistes opérant en Allemagne.
«Pour l'Office fédéral pour la protection de la Constitution, il est clair que Daesh souhaite lancer des attaques contre l’Allemagne et les intérêts allemands», a noté Hans-Georg Maassen, cité par Bild, soulignant que l’agence recevait au moins quatre informations par jour sur de possibles attaques djihadistes en Allemagne.
Le responsable a souligné que la menace posée par les islamistes en Europe ne devait pas être sous-estimée, car Daesh «a établi une structure de commandement et des cellules en Europe qui préparent et mènent des attentats».
Parmi les 800 djihadistes allemands soupçonnés d’avoir rejoint les rangs de Daesh en Syrie, environ 260 militants entraînés sont revenus en Allemagne et posent aujourd’hui un immense défi de sécurité, selon les données de l’agence.
Hans-Georg Maassen a rappelé que certains combattants djihadistes se sont infiltrés en Europe parmi les migrants comme c’était le cas avec quatre présumés membres de Daesh arrêtés dans un refuge de la ville autrichienne de Salzbourg en décembre dernier, ou encore avec deux des assaillants des attaques de Paris, qui ont atteint le Vieux Continent en empruntant la route des Balkans.
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Cependant, il a ajouté que se focaliser sur le fait que les extrémistes utilisaient les mêmes routes que les migrants envoyait un «signal politique» qui discréditait les réfugiés, a rapporté Spiegel. Dans le même temps, Daesh compte d’autres moyens pour infiltrer l’Europe, notamment depuis l’intérieur, a expliqué Maassen.
«Pour nous, les extrémistes sont les extrémistes politiques ou religieux. Bien sûr, nous gardons l’œil sur Daesh. Ce que nous ne regardons pas, ce sont les musulmans en Allemagne. Je mets en garde contre l'amalgame qui peut exister entre extrémistes et musulmans», a-t-il précisé, cité par Tagesschau, avant d'ajouter que pour créer une coalition nationale viable contre l’extrémisme, la participation de la communauté musulmane était essentielle.
«Pour cela nous avons aussi besoin des musulmans d’Allemagne, les modérés qui vont ensemble avec nous combattre l’extrémisme, sur la base de notre ordre constitutionnel», a-t-il souligné, s’opposant ainsi au parti politique Alternative pour l'Allemagne qui a qualifié l’islam d’«incompatible» avec la constitution du pays dans un manifeste publié récemment.
En constatant la menace représentée par l’extrémisme de droite qui prend de l’ampleur en Allemagne et la violence envers les réfugiés qui fait partie de la vie quotidienne, Maasen a argué que la majorité de ceux qui participent à des manifestation anti-migrants ont seulement été radicalisés récemment et n’avaient prêté allégeance à aucun parti politique auparavant. Cela constitue «une tendance, dans laquelle les gens qui n’étaient pas intéressés par la politique avant ou bien votaient pour des partis conventionnels, sont en train de se radicaliser».
Afin de faire face à tous ces défis, Hans-Georg Maassen a appelé à une coopération plus large et un échange renforcé des informations entre les services de sécurité aux niveaux national et international et au renforcement des pouvoirs des services de renseignement pour leur permettre de faire face à cette menace, y compris par l’introduction du marquage électronique.