Pour Rome, un projet irréaliste et illégal
De nombreux politiciens italiens ont fait part de leur indignation à l'idée que l'Autriche veuille fermer le col du Brenner pour lutter contre l'arrivée des migrants. C'est notamment le cas du ministre de l’Intérieur, Angelino Alfano, qui a parlé de «gaspillage d’argent».
Ce dernier a ajouté que le nombre important de migrants ne signifiait pas que ces derniers allaient tous se rendre en Autriche en utilisant ce point de passage, en particulier, soulignant que toute fermeture forcée de frontières était une «énorme erreur».
Rome craint également que la clôture longue de 370 mètres perturbe le commerce transfrontalier. En moyenne 2 500 camions et 15 000 voitures le franchissent chaque jour.
Le Premier ministre Italien Matteo Renzi a également parlé d’une «violation flagrante des règles européennes» en «décalage total avec la réalité».
Vienne campe sur ses positions
Cependant, le ministre de l'Intérieur autrichien, Wolfgang Sobotka, a réfuté les propos du Premier ministre italien, ajoutant qu’«en l’absence de plan européen, l’Autriche doit bien se préparer à prendre les mesures nécessaires».
Reinhard Kreissl, directeur général du Centre viennois pour la recherche sur la sécurité sociétale, a déclaré à RT que le projet n’était «ni plus ni moins qu’une réaction à court-terme aux récentes élections autrichiennes» qui ont consacré le candidat du parti populiste FPÖ, Norbert Hofer. Ce dernier a battu les candidats des partis qui participent au gouvernement dès le premier tour de l'élection présidentielle .
Néanmoins, selon lui, ce genre de projets pourrait «avoir un impact négatif sur la stratégie globale européenne de lutte contre la crise migratoire».
Courant avril, l'Autriche a adopté plusieurs mesures qui permettent désormais aux autorités de refouler les réfugiés directement à la frontière. Une nouvelle loi permet également au gouvernement autrichien de déclarer l'état d'urgence si le nombre de migrants s’accroît de façon inquiétante, au point de devenir «une menace pour la sécurité nationale».
Par ailleurs, les migrants souhaitant entrer en Autriche doivent désormais obligatoirement déposer leur demande d'asile à la frontière dans les centres d'inscription qui sont actuellement en construction.
Toujours en avril, le ministre de la Défense autrichien, Hans Peter Doskozil, a déclaré que Vienne envisageait de prendre des mesures pour déployer des troupes sur le col du Brenner afin d'endiguer le flux de migrants, car «les frontières extérieures de l'UE ne sont toujours pas protégées de façon efficace», a rappelé Die Welt.
Avec la forte baisse du nombre de réfugiés se rendant en Autriche depuis la fermeture de la route des Balkans, il est à craindre qu'un plus grand nombre de demandeurs d'asile tentent désormais de traverser la mer Méditerranée pour entrer en Italie.
Plus de 350 000 personnes ont réussi à rejoindre l'Italie par bateau au départ de la Libye depuis le début de l'année 2014. L'Autriche a reçu environ 90 000 demandes d'asile en 2015, ce qui en fait le deuxième pays de l'UE en nombre de demandes par habitant.