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Le Canada échoue à renvoyer chez eux des criminels irakiens sans passeport

Le gouvernement irakien bloque l'extradition d'une vingtaine de criminels, originaires d'Irak et qui sévissent au Canada depuis plus de cinq ans, en refusant de leur délivrer des passeports

Le journal La Presse a mis à jour cette épine dans le pied du gouvernement fédéral qui tente par tous les moyens de se débarrasser de ces malfrats.

En juin 2011 a été présenté à l'ambassade d'Irak au Canada un premier dossier accablant sur 20 dangereux criminels irakiens soupçonnés de crimes graves et de menaces à la sécurité publique. Or, rien ne faisait obstacle à leur expulsion du territoire canadien, sauf un détail: il fallait d'abord que l'Irak leur produise des passeports ou au minimum un laisser-passer pour leur rapatriement. Mais L'Irak fait la sourde oreille. De nombreux citoyens canadiens ne se sont pas montrés tendres en apprenant cette nouvelle.

L'un des cas les plus graves est celui d'Ahmed (le prénom a été changé), envoyé à Montréal car ayant un frère résident au Canada. Victime d'un choc post-traumatique après la première guerre du Golfe, Ahmed est arrivé à Montréal sans passeport ni carte d'identité. Depuis 2001, son dossier s'allonge : conduite dangereuse, possession de stupéfiants, voies de fait avec lésions et voies de fait graves, viol avec séquestration et violences conjugales. Malgré son statut de réfugié, il est éligible à la déportation en raison du danger qu'il représente pour le Canada, estimé supérieur au danger qu'il encourt en Irak.

Plusieurs démarches du Canada

Des diplomates canadiens ont plaidé l'affaire à Bagdad : l'ex-ministre de l'immigration Jason Kenney a ainsi tenté de sensibiliser le vice-président irakien et l'ASFC a même tenté d'obtenir la collaboration d'un colonel de l'armée irakienne en poste à l'aéroport de Bagdad, en vain.

Les autorités canadiennes ont envoyé une demande de rendez-vous au nouvel ambassadeur d'Irak à Ottawa, Abdul Kareem Kaab, mais il a été répondu qu'il était très occupé depuis son arrivée. Un adjoint du consul irakien à Montréal a indiqué que l'Irak délivrait des documents de voyage à condition d'avoir une preuve de la citoyenneté irakienne des criminels concernés. Et d'ajouter dans le cas d'Ahmed : «nous l'avons interviewé avec deux agents des services frontaliers, il était menotté et il ne se souvenait même pas de son nom complet et de son adresse en Irak. Comment savons-nous qu'il ne provient pas d'un autre pays? Sa langue semble être l'arabe, avec un accent irakien, mais cela ne prouve rien», explique l'adjoint du consul.

En 2012, un fonctionnaire de l'ASFC avait obtenu des renseignements donnant une explication possible au refus de collaboration des autorités irakiennes : plusieurs déportations massives en provenance des pays européens, qui renvoient en Irak des réfugiés potentiellement dangereux, seraient à l'origine d'un fort mécontentement chez les citoyens irakiens, et le gouvernement voudrait sans doute ménager son électorat.