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Des groupes de défense de la paix appellent Trudeau à ne pas livrer de blindés à l'Arabie Saoudite

Une coalition de groupes pour le développement, les droits de l'Homme et le contrôle des armes demande formellement au Premier ministre canadien de revenir sur sa décision «immorale et sans éthique» d'exporter des blindés en Arabie Saoudite.

La saga du contrat d'une valeur de 15 milliards de dollars pour la vente de véhicules blindés canadiens à l'Arabie Saoudite prend une nouvelle tournure.

Une importante coalition de groupes en faveur de la paix et des droits de l'Homme vient de faire parvenir une lettre à Justin Trudeau, en spécifiant qu'il y avait un «risque raisonnable» que ces armes soient utilisées par l'armée saoudienne contre des civils au Yémen, voire même contre leurs propres citoyens. Les signataires de la lettre incluent Amnesty International, les Canadiens pour la paix et la justice au Moyen-Orient, le projet Ploughshare, le Conseil canadien pour la coopération internationale et une douzaine d'autres.

«Au lieu de signer un contrat qui pourrait attiser le conflit au Yémen, Ottawa devrait viser à signer un embargo international sur l'exportation d'armes non seulement pour l'Arabie Saoudite, mais pour toutes les parties impliquées», a suggéré Alex Neve, le secrétaire général d'Amnesty international.

Le bureau du Premier ministre n'a pas souhaité répliquer à la lettre, transmettant la demande au bureau du ministre Stéphane Dion, qui «est le porte-parole du gouvernement sur cet enjeu», a-t-on clarifié.

Peggy Mason, présidente de l'Institut Rideau, précise que «l'approbation ne devrait pas être donnée en raison du risque raisonnable que ces armes soient utilisées contre des civils. Que des emplois de Canadiens reposent sur des meurtres, mutilations, blessures et la répression de civils innocents à l'étranger est un argument pernicieux», de dire Mason, en contre-argumentant que cette vente créerait 2 000 emplois à l'usine General Dynamics de London, dans la province de l'Ontario.

Mason a participé à la rédaction d'une loi en 1985, la «loi sur les licences d’exportation et d’importation», qui interdit d’exporter des armes vers des pays où de graves violations des droits de la personne ont été rapportées, ce que la plupart des ONG sur les droits de l'Homme reprochent à l'Arabie Saoudite. Il s'agit de la même politique qu'invoque le professeur émérite de l'Université de Montréal et ex-député Daniel Turp, qui, avec un groupe d'étudiants de l'université, ont mis en demeure le gouvernement du Canada pour empêcher ce contrat de vente à l'Arabie Saoudite.