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Le premier lancement depuis le nouveau cosmodrome russe en passe d'être réalisé

Après cinq ans de travaux, le nouveau cosmodrome de Vostotchny, situé dans l’Extrême-Orient russe, a été mis en service. Il s’agit du site de lancement le plus moderne du monde.

Le 27 avril, à 5h01 du matin heure de Moscou (2h01 GMT), un lanceur Soyouz 2.1a devra quitter la plateforme du cosmodrome de Vostotchny équipé de trois satellites.

Il est censé mettre sur orbite trois satellites russes : Lomonossov, construit à l’Université d’Etat de Moscou pour des missions scientifiques, un satellite de cartographie AIST-2D et un nano-satellite. Sur le fuselage de la fusée avait été apposé le portrait du premier cosmonaute de l'histoire, Youri Gagarine, ainsi que son mot célèbre au moment du décollage : «C’est parti !»

Cette première opération du nouveau cosmodrome russe ouvrira une nouvelle étape de l’histoire du programme spatial de la Russie.

Il s’agira en effet d’un événement historique, que la Russie attendait depuis la dissolution de l’URSS. Le pays loue depuis un quart de siècle le cosmodrome de Baïkonour, construit au temps de l’Union soviétique mais se trouvant aujourd’hui sur le territoire du Kazakhstan, ancienne république soviétique. Moscou doit débourser chaque année environ 115 millions de dollars pour la location du site, auxquels il faut ajouter 100 millions de dollars pour son entretien.

Alors que Moscou continue à utiliser le cosmodrome de Baïkonour et a prolongé le contrat avec Astana jusqu’à 2050, la Russie n'a jamais caché ses ambitions de construire un cosmodrome moderne sur son propre territoire.

Les cosmodromes du monde

Le cosmodrome de Vostotchny enrichit ainsi la liste des sites mondiaux de lancement, tels que la Cape Canaveral aux Etats-Unis, Kourou en Guyane française et Baïkonour au Kazakhstan. La Russie a opéré des lancements depuis deux de ces cosmodromes : Kourou et Baïkonour.

Dans le cadre d'un accord signé avec la France en novembre 2003, la Russie utilise le cosmodrome de Kourou pour lancer de deux à quatre fusées par an. De par sa proximité avec l'équateur, il propose des conditions optimales pour effectuer des lancements : une fusée Soyouz économise environ 10% de carburant et peut mettre sur orbite des charges plus lourdes de deux tonnes que si elle était lancée depuis le cosmodrome de Baïkonour.

D’après l’agence spatiale russe Roscosmos, le cosmodrome de Vostotchny permettra d’envoyer des lanceurs moyens, lourds et extra-lourds. Tout l’équipement terrestre a été conçu par des spécialistes russes. Grâce aux technologies modernes, le cosmodrome est compact : sa surface est d’environ 700 kilomètres carrés, soit 10 fois moins que celui de Baïkonour.

Alors que les températures dans cette région varient de -49°C à +40°C, toutes les charpentes, y compris la tour de montage des fusées mobiles, sont isolées et antisismiques.

Le site de sa construction a été choisi par sa proximité avec l’équateur, ce qui permet de mettre en orbite des charges plus lourdes, mais aussi pour des raisons de sécurité : les étages des fusées tomberont dans les plaines inhabitées de la taïga ou bien dans l’océan.

Les responsables du cosmodrome de Vostotchny espèrent atteindre huit lancements par an en 2018. Le coût d'un lancement est estimé de 3,2 milliards de roubles (près de 43 millions d'euros).

Alors que le premier lancement d'une fusée-porteuse lourde Angara A5 aura lieu en 2021, le nouveau site permettra dans les années à venir d’envoyer des cosmonautes. A partir de 2030, il pourrait également être utilisé pour des expéditions lunaires.

La Russie dispose également du cosmodrome militaire de Plessetsk, dans le Nord-Ouest du pays. C'est le site de lancement le plus septentrional du monde. Edifié en 1957, il ne permet pas d'envoyer de cosmonautes pour des raisons de sécurité : dans le cas d'un accident lors d’un lancement, il faudrait alors aller chercher d’éventuels survivants dans l'océan Arctique.

Histoire de la construction

La construction du cosmodrome de Vostotchny a pris presque 5 ans, sans compter les travaux préparatoires.

En 2007, Vladimir Poutine, à l’époque Premier ministre, a signé le décret lançant la construction d’un nouveau cosmodrome russe près d'un ancien cosmodrome militaire de Svobodny, dans l’Extrême-Orient du pays. Les travaux de construction préalables ont été entamés dès septembre 2011, et les premiers bâtiments ont commencé à surgir de terre début 2012.

Cependant, la réalisation du projet a été entravée par un retentissant scandale de corruption, en conséquence duquel le cosmodrome n'a pas été mis en service dans les délais prévus. L'attention de Vladimir Poutine a été attirée sur ce problème pendant sa ligne directe annuelle en 2015, lorsque l'un des constructeurs a révélé des retards dans le paiement des salaires. A l’heure actuelle, plusieurs responsables du chantier sont jugés pour avoir détourné plus de 5 milliards de roubles (presque 67 millions d'euros).

Les autorités ont également commencé à construire une nouvelle ville, Tsiolkovsky, pour loger les employés du cosmodrome et leur famille, qui arrivent depuis tout le pays. Dans un futur proche il y aura également un nouvel aéroport pour faciliter leur vie et accélérer la livraison d’équipements nécessaires.

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