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Le Danemark veut se débarrasser de ses prisonniers étrangers

Le ministre de la justice, Søren Pind, va présenter une proposition qui permettrait au système judiciaire danois de transférer des prisonniers étrangers vers des tiers pays où ils seraient pris en charge par des prisons privées.

Puisque 27% de la population carcérale au Danemark est composée d'étrangers, et que seulement 30% de ceux-ci seront déportés dans leur pays d'origine, le ministre veut ainsi favoriser la réhabilitation des prisonniers d'origine danoise. «Je crois qu'il serait avantageux pour notre système carcéral de mettre son énergie sur des personnes méritant notre effort», a révélé le ministre Søren Pind à Politiko. «Nous voulons envoyer un message aux gangs de voleurs que les séjours gratuits dans les prisons danoises sont terminés.» 

Cette mesure va dans le même sens que l'annonce encore récente du gouvernement danois proposant 34 mesures destinées à décourager les demandeurs d'asile de venir dans le royaume. Parmi celles-ci, la confiscation des objets dont la valeur excède 400 euros, aussi valable pour les demandes de réfugiés.

Il y aurait au Danemark 200 prisonniers étrangers prêts à être déportés, mais les procédures prennent du temps. Le ministre voudrait les refiler à la Pologne ou la Roumanie, dans des établissements privés.

Une destination de tourisme pour les voleurs

La section anti-vol de la police Inbrud a déjà statué que le Danemark est tellement attirant pour les voleurs, qu'on commence même à parler d'une mode de «tourisme du vol", attirant particulièrement des malfrats roumains dans les quartiers huppés du Danemark. «Ce que je souhaite est une prison travaillant sur une base différente au pays, mais sans que je sois responsable de me plier à la convention européenne des droits de l'homme. Nous voulons réhabiliter les Danois pour les retourner dans la société, mais pour les étrangers, je n'ai aucun scrupule et j'irai aussi loin que nécessaire», ajoute le ministre de la justice.

La proposition reçoit des critiques

Si la proposition de Pind reçoit le soutien du Parlement, elle ne fait toutefois pas l'unanimité.

«Il est absurde de penser que de piètres conditions d'emprisonnement ailleurs fera disparaitre la criminalité, et que ça empêcherait ces personnes de revenir ici», a dit Kim Østerbye de l'Autorité Carcérale du Danemark, en notant que les prisons danoises n'ont aucun problème d'engorgement.

L'association nationale des avocats de la défense s'est aussi montrée sceptique: «Je ne vois ni besoin, ni justification pour ça», lâche laconiquement l'avocat Kristian Mølgaard. «Je pense aussi que ce serait d'abandonner le principe de préserver l'assurance que les personnes soient emprisonnées dans des conditions acceptables.» 

Advenant que cette proposition soit entérinée par le Parlement danois, des négociations débuteraient entre le Service aux prisonniers danois, les autorités étrangères et les contractuels privés.