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Le silence des grands médias sur le passé trouble du nouveau président de la Rada

Il y a une semaine, deux figures de l’Ukraine, le Premier ministre et le président de la Rada, ont été élues. Mais si Vladimir Groïsman a attiré l’attention des Européens, Andreï Paroubi, dont le passé est controversé, n’a pas mérité une ligne.

Le 14 avril, Vladimir Groïsman a été élu au poste de Premier ministre par la Rada ukrainienne après qu’Arseni Iatseniouk, qui occupait ce poste depuis 2014, a démissionné avec tout son gouvernement. A 38 ans, Vladimir Groïsman est le plus jeune Premier ministre de l’histoire de l’Ukraine. Il a l’ambition de mettre en pratique des idées novatrices pour ranimer la croissance économique et pour améliorer la gestion gouvernementale. 

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Etant donné qu’il a laissé entendre qu’il demanderait l’aide de l’Europe pour la reconstruction du pays, les médias européens lui ont consacré plusieurs articles. Mais dès le lendemain de sa nomination, le 15 avril, Andreï Paroubi, une figure controversée, a été élue à la présidence de la Rada. A l’exception de certains médias espagnols, allemand et israéliens, personne n’en a parlé.

Le quotidien israélien Haaretz mentionne qu’il était «membre du parti social-national d’Ukraine, précurseur du parti d’extrême droite Svoboda, dont les dirigeants sont connus pour leurs propos antisémites» tout en reconnaissant qu’Andreï Paroubi n’avait pas tenu de tels propos

Parmi les médias européens, le journal d’opposition allemand JungeWelt est le seul à avoir commenté négativement la nomination d’Andreï Paroubi. Ses journalistes l’ont surnommé le «Hermann Göring de nos jours» et cela n’est pas dénué de sens. Outre les multiples parallèles que l’on peut faire entre leurs parcours politiques respectifs, les deux hommes ont occupé des fonctions comparables car Hermann Göring fut président du Reichstag, le parlement allemand.

Le chemin au pouvoir «jonché d’obstacles»

Le parcours d’Andreï Paroubi suscite beaucoup de questions. Toute sa vie, il s’est trouvé «au bon endroit au bon moment». Avant la chute de l’Union soviétique, il était le chef de l’organisation nationaliste de la jeunesse Heritage.

En 1991, député du Conseil régional de Lviv, Andreï Paroubi fonde le parti social-national de l’Ukraine qui propage des idées d’extrême droite, avant de devenir le parti d’extrême droite Svoboda, aujourd’hui la plus grande force politique nationaliste d’Ukraine. 

En 2004, la «révolution orange» permet à Andreï Paroubi de «grandir». Il crée l’état-major des révolutionnaires de Viktor Iouchtchenko dans la «Maison Ukrainienne», bâtiment dans lequel se trouve le musée Lénine, la police et le parquet. Après une telle initiative, il intègre le conseil politique du parti de Viktor Iouchtchenko «Notre Ukraine» qui arrive au pouvoir en 2005. Lors des élections législatives de 2007, il est élu à la Rada.

Au sein de l’univers politique ukrainien très mouvant, Andreï Paroubi évolue comme un poisson dans l’eau, changeant de «patron» et retombant toujours sur ses pattes : Viktor Iouchtchenko, Arseni Iatseniouk, Ioulia Timochenko, puis encore Arseni Iatseniouk. 

En 2014, il était le chef de l’organisation «Autodéfense de Maïdan», dont les membres ont participé à des affrontements violents avec la police, et lorsque tout a dégénéré dans les rues de Kiev, les 20 et 21 février 2014, les forces de l’ordre ont été touchées par des tirs issus des bâtiments placés sous son contrôle.

Après Maïdan, Andreï Paroubi a été nommé à la tête du Conseil de sécurité nationale et de défense de l’Ukraine. A ce titre, on le suspecte d’être mêlé aux événements tragiques du 2 mai 2014 qui se sont produits à Odessa lorsque plus de 250 opposants à Maïdan ont été blessées dans des manifestations, 48 d’entre eux ayant même péri dans l’incendie du bâtiment des syndicats d’Odessa dans lequel ils s’étaient réfugiés.

Toujours en 2014, Andreï Paroubi quitte ce poste pour entrer dans le Front populaire dirigé par Arseni Iatseniouk. Il sera élu à la vice-présidence de la Rada.

Après la démission d’Arseni Iatseniouk de son poste de Premier ministre, Andreï Paroubi a été promu à la présidence de la Rada, une ascension que ni ses changements d’allégeance, ni son passé «trouble» ne semblent avoir freinés.

Malheureusement, tous ces faits ne semblent pas intéresser les grands médias occidentaux qui préfèrent se concentrer sur le nouveau chef de gouvernement et passer sous silence le passé trouble du troisième personnage le plus important de l’Etat ukrainien.