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Quand le Wall Street Journal participe à la négation du génocide arménien

Le célèbre quotidien new-yorkais a diffusé le 12 avril une publicité qui invitait le lecteur à se rendre sur un site niant le massacre des populations arméniennes par les Turcs au début du XXe siècle.

Le Wall Street Journal serait-il peu regardant quant aux publicités qu’il diffuse ? La question est légitime. Le 21 avril, les lecteurs du célèbre quotidien ont eu la surprise de découvrir une publicité en pleine page les appelant à consulter le site Factcheckarmenia. Le design ne laisse pas vraiment présager du véritable dessein. Une mention «vérité = paix» surmontant trois mains aux couleurs de la Russie, de la Turquie et de l’Arménie. Les mains arméniennes et russes, doigts croisés, entourent une main turque faisant le signe de la paix. Jusque là, rien d’extravagant. C’est en cliquant sur le lien du site que la publicité dévoile son véritable objet : rejeter la faute du conflit sur les Arméniens tout en impliquant les Russes. Le tout dans un anglais approximatif. 

«Collectivement coupables»

«Les Arméniens ont fait beaucoup de mal aux Turcs en les massacrant durant la Première Guerre mondiale. Pendant cette période, les Arméniens ont espionné pour les Russes et ils ont déserté leur service militaire en ne répondant pas aux ordres de mobilisation. Ces Arméniens qui ont rejoint l’armée russe sont collectivement coupables d’avoir trahi la nation», peut-on notamment lire sur ce site.

En savoir plus : Génocide arménien : la décision de la CEDH aidera à la reconnaissance de ce qui s’est vraiment passé

Les réactions des internautes ne se sont pas fait attendre. Beaucoup ont critiqué, de manière virulente, le Wall Street Journal. La comparaison avec une hypothétique publicité niant le génocide des juifs se plaçant en tête des arguments.

Le WSJ se défend

Le journal s’est exprimé. Il assure imprimer beaucoup de publicité «provocantes» qui ne représentent pas «les opinions» du Wall Street Journal. Un porte-parole du titre a tenu à souligner que «les vues diverses et variées exprimées appartenaient aux annonceurs».

Ce n’est pas la première fois qu’un grand journal américain est épinglé pour ce type de pratique. En 2015, le Washington Post avait publié une pleine page qui appelait le président Obama et le Congrès à ne pas reconnaître… le génocide arménien. Selon les Turcs, il s'agit d'une guerre civile qui a causé la mort de 300 000 à 800 000 personnes, avec des victimes dans les deux camps. Les Arméniens parlent d'un massacre ayant fait un million et demi de morts.