La présidente brésilienne Dilma Rousseff a été destituée par les députés de la chambre basse brésilienne. Une majorité des deux tiers au minimum était requise (soit 342 voix sur 513 députés) pour que la procédure d’impeachment passe au Sénat.
Le Parti des travailleurs actuellement au pouvoir a admis la défaite de la présidente brésilienne. Le chef du parti, Jose Guimaraes, cité par Reuters, a déclaré que le combat se poursuivait à présent au Sénat.
Selon le ministre-chef de cabinet, Jacques Wagner, le gouvernement reste néanmoins plutôt optimiste à l’égard de la décision du Sénat de rejeter l’impeachment, orchestré selon lui par les opposants à Dilma Rousseff qui n’ont jamais accepté sa réélection.
En revanche, si le Sénat estime qu’il existe des motifs juridiques en faveur de l’impeachment, Dilma Roussef sera suspendue temporairement de ses fonctions en attendant que le Sénat prononce son verdict final.
Après le vote en faveur de la destitution de Dilma Rousseff, des centaines d’opposants et de partisans se sont réunis à travers tout le pays.
Un mur de deux mètres de hauteur, s’étendant sur plus d’un kilomètre de long, a été érigé devant le bâtiment du Congrès brésilien afin de séparer la foule des supporters de la présidente de celle de ses opposants.
Un feuilleton politico-judiciaire inédit
Depuis sa réélection, Dilma Rousseff fait face à l’opération «Lava Jato», une enquête judiciaire qui a révélé au grand jour les liens de corruption entre plusieurs personnalités politiques et grandes entreprises (notamment du BTP et du secteur de l’énergie).
En août dernier, Dilma Rousseff a été mise en accusation pour corruption et blanchiment d'argent par le Tribunal suprême fédéral (STF) suite à ces révélations. En plus de cette affaire, son gouvernement est accusé d'avoir maquillé des déficits publics en prêts contractés auprès de banques publiques. La présidente brésilienne, qui a toujours nié les faits, n'a pas réussi pour autant à éviter une procédure de destitution initiée en décembre dernier par le président de la Chambre des députés du Brésil, Eduardo Cunha.
Isolée politiquement, Dilma Roussef a également dû faire face au fil des semaines à la colère des Brésiliens. Ces derniers ont manifesté à maintes reprises leur colère au sujet de sa politique économique. Ses détracteurs l'accusent notamment d'avoir échoué à enrayer la crise sociale et d'avoir volontairement fermé les yeux sur les affaires de corruption.