Les troupes supplémentaires seront déployés dans les trois états baltes, la Roumanie, la Bulgarie et la Pologne, a annoncé vendredi Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l'Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN). Chaque unité comprendra de 40 à 50 hommes et sera composée pour moitié de soldats du pays hôte et de ceux des autres membres de l’OTAN, rapporte Reuters, en citant un diplomate au sein de l’Alliance.
Ces unités prendront part à l’organisation des exercices de l’OTAN dans les pays en question. Ils fourniront également un encadrement de commandement et de contrôle à la future force européenne de l’OTAN qui doit être créée cette année. Selon l’organisation, cette force sera capable de réagir à une situation critique en l’espace de deux jours, en supposant une possible attaque de la Russie.
« Cela s’inscrit pleinement dans le cadre de nos obligations internationales et nous faisons cela dans un but défensif et de manière proportionnée », a déclaré le secrétaire général, en expliquant que Moscou n’avait pas de raison de considérer ce déploiement comme une provocation.
La force européenne entrera officiellement en fonction après que les ministres de la Défense des 28 pays membres décident de la formation d’un bloc militaire jeudi prochain. Les ministres devront décider des pays qui fourniront les milliers de soldats nécessaires à la formation de cette force.
L’Alliance a nettement renforcé sa présence en Europe de l’Est en 2014, en invoquant la menace grandissante émanant de la Russie à la lumière de la crise ukrainienne et du rattachement de la Crimée, un ancienne région ukrainienne, à la Russie. L’OTAN estime qu’il s’agit d’une annexion militaire et affirme que Moscou aurait des visées similaires pour certains membres de l’Alliance.
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La Russie, de son côté, pense que l’OTAN utilise les troubles en Ukraine, qui ont d’ailleurs commencé par un coup d’état militaire soutenu par l’Occident et provoqué une guerre civile dans l’Est du pays, pour justifier son existence et comme un prétexte pour obtenir des fonds supplémentaires de ses membres européens. L’incapacité de nombreux alliés à satisfaire le montant minimal des dépenses militaires de l’organisation est depuis des années une source de mécontentement à Washington, qui assure la plus grande partie du budget de l’Alliance.
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« Il est impossible de se développer en dépensant moins. C’est pourquoi nous devons arrêter de couper dans les dépenses militaires pour les augmenter graduellement en fonction de la croissance de nos économies », a souligné Jens Stoltenberg avant d’ajouter que « malgré la crise économique, malgré les problèmes financiers auxquels la Russie est confrontée, elle continue actuellement de privilégier ses dépenses militaires ».
Le déploiement de troupes supplémentaires nécessite un financement additionnel des pays hôtes. Par exemple, à elle seule, l’Estonie projette de consacrer 40 millions d’euros à l’accueil des troupes de l’OTAN, rapportait le journal Postimees le 31 janvier. Ces fonds serviront à construire de nouvelles casernes et des dépôts sur la base militaire de la ville de Tapa, des infrastructures de ravitaillement à travers de pays et un état-major des forces de l’OTAN à Tallinn, la capitale.
Dans le même temps, la France a demandé d’envoyer ses chars de combat et ses blindés en Pologne, pays qui réclame une importante présence militaire de l’Alliance sur son territoire. Une déclaration conjointe du président français François Hollande et du Premier ministre polonais Eva Kopacz, consécutive à leur rencontre, signale que les deux pays sont tombés d’accord.
Néanmoins, ce déploiement n’est pas exactement ce que la Pologne avait demandé en avril 2014 . Le ministre polonais des affaires étrangères Radoslaw Sikorski avait évoqué à l’époque la présence dans son pays de deux brigades d’infanterie motorisée et de 5 000 soldats.
Certains membres de l’alliance, tels que l’Allemagne, se sont montrés sceptiques envers ce déploiement permanent de forces en Europe de l’Est, anticipant une réaction de colère de Moscou. Selon les accords de l’Alliance avec la Russie, l’OTAN s’est engagée à ne pas faire stationner « des forces armées additionnelles conséquentes et de manière permanente » dans la région.
L’OTAN a maintenu une forte présence militaire près des frontières russes en organisant environ 200 exercices en 2014. Moscou l’a perçu comme une démarche agressive et a également augmenté le nombre d’exercices sur son territoire.