Le ministre polonais de la Défense Antoni Macierewic a annoncé à la veille des cérémonies du 6e anniversaire du crash du Tupolev 154, que le rapport érigé par l’ancien Premier ministre polonais Donald Tusk sur l’accident de 2010 a été falsifié.
«[Donald] Tusk avait un contrôle absolu non seulement sur l’enquête mais aussi sur toutes les déclarations des structures gouvernementales. Il a affirmé porter toute la responsabilité dans cette affaire. Mais le rapport était faux et sa falsification doit avoir les conséquences», a-t-il indiqué dans une interview à la télévision publique TVP. Il a ajouté que Donald Tusk, aujourd'hui président du Conseil européen, «devait se présenter devant le Tribunal d'Etat».
L’avion, un Tupolev 154 transportant le président polonais accompagné de sa femme, ainsi que d’autres responsables éminents polonais s'est écrasé le 10 avril 2010 lors d'une tentative d'atterrissage sur l'aéroport de Smolensk-Nord ne laissant aucun survivant parmi les 96 personnes à bord.
Les enquêtes ont été menées en collaboration avec des enquêteurs polonais dépêchés à Smolensk et à Moscou. L’Interstate Aviation Committee (Comité intergouvernemental d'aviation), a révélé à l’époque que la cause de l’incident serait la pression exercée sur l'équipage par des hauts responsables polonais, visant à forcer l’appareil à atterrir nonobstant un entraînement insuffisant des pilotes. Au cours de la procédure d'atterrissage, ces derniers semblent également avoir négligé un certain nombre d'avertissements indiquant une trop grande proximité entre le sol et l'avion, comme l’indique le décryptage des boites noires.
Cependant, à la fin mars 2016, le ministère polonais de la Justice a créé une nouvelle commission d'enquête pour tenter d’éclairer les circonstances de l’accident. Le président du Comité, Katyń Andrzej Melak, dont le frère a péri dans l’accident, a estimé que l’enquête qui avait été menée n’était pas conforme aux standards internationaux.
A la mi-mars Antoni Macierewic a qualifié le crash de l’avion présidentiel d’acte de terrorisme, visant à priver la Pologne des gens qui «menaient le pays vers l’indépendance». Il a aussi trouvé que la Pologne «était la première victime du terrorisme dans le conflit moderne qui se déroule devant nos yeux». Il n’a toutefois pas précisé qui en était responsable. Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov commentant ces annonces, les a jugées «rhétoriques».
Le chef de la nouvelle sous-commission d'enquête, Waclaw Berczynski, a lui aussi réaffirmé dans une interview à Gosc Niedzielny, un hebdomadaire catholique, sa thèse d'une explosion en vol du Tupolev 154 sans citer aucune preuve.
«Avec une très grande probabilité, pratiquement avec quasi-certitude, on peut dire que l'appareil s'est désintégré en vol. Des photos montrent des débris de l'avion dispersés devant le bouleau qui aurait présument brisé l'aile du Tupolev», a-t-il estimé.
Nouveau gouvernement, revirement politique
Depuis son arrivée au pouvoir, le nouveau gouvernement a pris ses distances par rapport à la Russie, autorisant notamment le déploiement du bouclier antimissile de l’OTAN sur son territoire, qui, selon Moscou, représente une menace pour la sécurité nationale russe.
En mars le gouvernement de Varsovie a décidé de supprimer de la voie publique la quasi-totalité des monuments érigés en reconnaissance à l'Union soviétique pour son action durant la Seconde Guerre mondiale. Ils seront déplacés vers des musées.
Cependant, la Russie n’est pas le seul pays que la Pologne traite de manière hostile. Lorsque des députés européens ont exprimé leurs inquiétudes et critiques envers les réformes en Pologne depuis l'arrivée au pouvoir du parti conservateur Droit et Justice (PiS) avec à sa tête Beata Szydlo, la Première ministre a invité ces derniers à ne pas perdre de temps sur son pays et à s’occuper de leurs affaires.
Suite aux attentats qui ont frappé Bruxelles à la fin mars, la Première ministre polonaise a annoncé avoir refusé d'accueillir des migrants sur son sol dans le cadre du programme de répartition de l'UE.
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