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«Prison dorée» : Emirates aurait créé «une culture de la peur» pour ses employés

La compagnie aérienne Emirates est devenu une «prison dorée» pour ses employés, qui seraient exploités au-delà de leurs limites et punis s’ils se plaignent, a révélé à RT un site qui dévoile les pratiques déconcertantes du géant aérien.

Le site donotflyemirates.wordpress.com collecte et publie des histoires vécues par des pilotes d’Emirates. Son administrateur, un ancien salarié de la compagnie, qui préfère rester anonyme, a raconté que la compagnie aérienne avait engendré «une culture de la peur» parmi ses employés qui se sentent pris au piège.

Ainsi, d’après lui, le personnel n’a aucune protection face aux abus de la compagnie, notamment parce que les syndicats sont interdits aux Emirats arabes unis (EAU). «Si tu fais une erreur ou même si tu ne fais aucune erreur, mais que quelqu’un t’accuse d’avoir fait quelque chose, tu n’as pas de possibilité de te défendre. Tu reçois juste un avertissement ou ils te licencient, tout simplement», a-t-il expliqué. Ainsi, alors qu’il travaillait encore pour Emirates, l’auteur du site avait été averti pour avoir discuté de ses horaires harassants avec d’autres pilotes.

«Quand tu passes un certain temps à Dubaï, tu penses que tout ce que tu as, que toute ta vie est en danger, car si tu es viré, tu vas perdre ta maison, tu vas perdre toute ta vie. C’est pourquoi ils parlent d’une "prison dorée"», a-t-il poursuivi.

Son site a déjà été fermé aux Emirats arabes unis, mais la compagnie cherche le moyen de le faire fermer complètement. «J’ai reçu une notification de la plateforme Wordpress disant que les avocats d’Emirates avaient essayé de faire supprimer une partie du contenu de mon blog, ce que Wordpress leur a refusé», a précisé l’administrateur de la ressource.

Selon lui, il reçoit ces histoires de pilotes par e-mail qui sont toutes vérifiées avant d’être publiées.

Récemment, RT a parlé à plusieurs pilotes d’Emirates, tant anciens qu’actuels. Comme leurs collègues de FlyDubai, ils ont déclaré être découragés de remplir des formulaires attestant de leur fatigue extrême compte tenu de leurs cadence de travail et des rotations de vols trop importantes car les responsables de la compagnie n’en tiennent pas compte.

L’un des interlocuteurs de RT a précisé que ses doléances avaient même été présentées au Département de l'aviation civile des Emirats arabes unis mais que cela n’avait rien changé à la situation. «Aux EAU, l’autorité de l’aviation civile, affiliée au gouvernement, ne peut pas être garante d’un contrôle indépendant de ces compagnies aériennes», a indiqué l’un des pilotes.

Les émployés de la compagnie ont confié leur histoire à RT après la mention de la fatigue comme facteur du crash du Boeing 737 du 19 novembre. L’avion de FlyDubai s’est écrasé à Rostov-sur-le-Don, tuant les 62 personnes à bord. Suite à cette tragédie, un ancien pilote de la compagnie avait dit à RT que c’était la compagnie qui avait forcé le pilote à travailler alors qu’il était surmené.

L’équipe de RT a également obtenu le carnet de vol d’Alejandro Cruz Alava, le co-pilote du vol FZ981, qui confirme les dires de cet ancien capitaine. En effet, ce document indique que le co-pilote avait travaillé onze jours de suite, avec une seule journée de repos, la veille du crash.