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Comment détourner un avion pour faire parler de soi dans le monde entier sans être un terroriste

Sur un vol d’EgyptAir, le 29 mars, un homme s’est fait passer pour un pirate armé d’une ceinture explosive et a détourné l’appareil sur Chypre. Ce n’est que bien après qu’il s’est avéré qu’il n’était pas celui qu’il prétendait être.

Le matin du 29 mars a commencé avec une bonne dose de stress pour les travailleurs de l’aéroport de Larnaca, à Chypre. Le vol MS181 en provenance d'Arabie saoudite s’est posé à 8h46 (locales) mais le problème, c’est qu’il aurait dû atterrir au Caire, après avoir fait escale à Alexandrie. Le détournement de cet appareil a provoqué des sueurs froides tant pour les employés de l’aéroport que pour les autorités chypriotes et égyptiennes. Tous redoutaient alors un attentat terroristes et l’aéroport de Larnaca a été fermée dans les plus brefs délais.

La vie des 55 passagers dont 21 non-Egyptiens semblait être gravement menacée. Un homme d’âge moyen menaçait en effet de faire exploser l’avion si le pilote n’obéissait pas à ses injonctions qui n’étaient cependant pas vraiment cohérentes.

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Des exigences que les autorités n’ont pas eu le temps de satisfaire

Au début, alors que l’avion était en l’air, le pirate a exigé qu’il mette le cap sur Istanbul, mais le pilote lui a expliqué que les réserves de carburant n'étaient pas suffisantes pour un tel périple, raison pour laquelle son choix s’est porté sur Larnaka.

Le pirate a ensuite demandé qu’on transmette une lettre de quatre pages à son ex-femme qui habitait à Chypre, dans le village d'Oroklini, non loin de l'aéroport.

Cette femme serait même déplacée à l’aéroport «afin de raisonner» le terroriste présumé lorsqu’il a subitement modifié ses revendications. Cette fois, il demandait l’asile à Chypre, un pays où les gens se seraient souvenus de son action.

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Mais là aussi, il a changé d’avis et demandé qu’on fasse le plein de l’avion afin qu’il puisse rejoindre la Turquie ! Les brusques changements d’avis du pirate n’ont pas tardé à soulever des questions sur sa santé mentale, au point que le président chypriote, Nicos Anastasiades l’a même qualifié d’«idiot». «Les terroristes sont fous mais pas stupides», a-t-il souligné.

Heureusement, dès son arrivée à Chypre, le pirate a fait sortir la grande majorité des passagers mais en a retenu sept personnes, passagers et membre d’équipage qui n’ont pu quitter l’appareil que quatre heures plus tard au terme d’âpres négociations. L’un des membres d’équipage s’est même enfui en sautant par le hublot du cockpit ! 

Pardon, monsieur, nous nous sommes déjà rencontrés ? 

En plus de son comportement incohérent, le nom du pirate a aussi intrigué les personnes qui ont été chargées de gérer cette crise. Pendant plusieurs heures, les médias ont présenté le pirate comme Ibrahim Samaha, professeur de l’université d’Atlanta. C’est l’épouse de ce professeur, furieuse de voir le nom de son mari faire la une des chaînes d’informations en légendes de photos qui ne lui ressemblaient pas, a contacté une chaîne américaine pour dénoncer la façon de travailler des journalistes et le colportage de fausses informations !

Les autorités ont dû présenter leurs excuses à la famille et procéder à un nouvel un examen approfondi de la liste des passagers. Quelques minutes, l’identité du pirate était communiquée : Seif Eldin Mustafa, un homme souffrant de maladie mentale. 

Dans l’après-midi, les forces de sécurité chypriotes ont enfin pu pénétrer dans l’avion et arrêter le pirate. A leur grande surprise, la ceinture d’explosifs qu’il portait n’était en fait qu’un moulage de plastique.

Quant à Ibrahim Samaha, passager de ce vol, il a pu quitter l’avion sain et sauf, comme tous les autres occupants de l’appareil.