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Kremlin : la Russie est en guerre avec les médias anglo-saxons

L’une des principales raisons de la «mauvaise image» de la Russie, c’est la propagande opérée par les médias anglo-saxons, a annoncé le porte-parole du Kremlin, accusant au passage les autorités turques pour le blocage de leurs relations.

Le 25 mars, dans une interview diffusée sur la chaîne russe TVC, Dmitri Peskov, porte-parole de Vladimir Poutine, a répondu très franchement à la question de savoir pourquoi la Russie avait autant de mal à améliorer son image au plan international.

«Nous sommes actuellement dans un état de guerre de l’information avec les faiseurs de tendance dans la sphère de l’information, principalement avec les Anglo-Saxons, leurs médias», a fait remarquer le porte-parole de Vladimir Poutine.

Dmitri Peskov a ajouté qu’indépendamment du fait que l’on considère cette guerre «déclarée ou non déclarée», cela réduit des questions politiques importantes à de la «propagande et [de la] contre-propagande».

Pour lui, la Russie s’en sortirait mieux si elle était davantage intégrée au sein de l’économie mondiale. «Nous avons besoin de prôner cela. Nous devons rendre notre économie plus compétitive et nous impliquer plus dans la compétition globale. C’est qu’à ce moment-là, que nous pourrons nous tenir debout avec assurance», a fait savoir le porte-parole.

S’agissant des perspectives de voir les relations russo-américaines s’améliorer, Dmitri Peskov a souligné prudemment qu’il y avait des progrès mais prévenu que le Kremlin ne se faisait pas d’«illusions».

«Je crois qu’on peut dire qu’il y a eu des avancées positives. Par rapport à il y a un an, il y a bien sûr un désir évident de communiquer, de même qu’une disposition à le faire. Au moins aujourd’hui, la compréhension a muri dans le sens où il n’y a pas d’alternative au dialogue pour la résolution des problèmes qui ne peuvent pas être repoussés», a-t-il encore observé.

«Si j’étais porte-parole d’Erdogan, je démissionnerais»

Concernant une situation diplomatique bien pire, Dmitri Peskov a qualifié la faille apparue dans les relations russo-turques de «catastrophe fabriquée à la main», affirmant que le porte-parole du président turc Recep Tayyip Erdogan aurait dû démissionner à cause de la façon dont il n’a pas su gérer cette crise.

«Si j’occupais ce poste et les choses s’étaient passé de la sorte, j’aurais démissionné. Il y a six mois, nos relations avec la Turquie pouvaient être qualifiées d’exemplaires. Mais ensuite, cette catastrophe s’est produite, et cette catastrophe a été fabriquée. Ankara en a été l’auteur et pouvait seul en contrôler les dommages», a-t-il précisé.

Apparemment, ni le président Erdogan, ni son porte-parole, ni le conseiller politique, Ibrahim Kalin, n’ont jamais présenté d’excuses pour avoir abattu un bombardier russe SU-24 au mois de novembre dernier. Ankara a affirmé que l'avion de combat russe avait violé son espace aérien alors que Moscou a rejeté cette accusation, en avançant des éléments de preuve fournis par son service de renseignement. L’avion de combat visait des positions terroristes en Syrie.

La Russie n’a pas reçu beaucoup de compréhension en ce qui concerne cet incident bien qu’elle avait établi une ligne directe avec la Turquie pour éviter que de telles situation se produise durant sa campagne aérienne en Syrie. Moscou a demandé à Ankara des excuses pour cette tragédie qui a coûté la vie à deux militaires russes, le pilote de l’appareil et un fusilier marin dépêché sur les lieux du crash pour aller au secours du navigateur du bombardier abattu dans une zone contrôlée par des combattants soutenus par la Turquie.

Au moment de la crise, la Turquie a fait multiplié les actions qui, du point de vue de la Russie, n’ont fait qu’aggraver la situation. Ankara a n’est pas parvenu à entrer en communication avec l’armée russe immédiatement après l’incident mais a réclamé une réunion d’urgence de l’OTAN, une attitude que Moscou a perçue comme une tentative de se cacher derrière l’Alliance atlantique pour éviter une possible sanction.

La Turquie n’a pas non plus pris de mesures pour arrêter le combattant rebelle, appartenant à une ethnie turque, qui s’est vanté d’avoir tué le pilote russe au moment où il allait toucher le sol, toujours accroché à son parachute. Un acte qui est considérée comme un crime de guerre par le droit international. L’assassin du pilote appartient à un groupe nationaliste radical turc et s’est, depuis, rendu en Turquie et y a donné plusieurs interviews.

«Je crois que les répercussions de cette tragédie ne se dissiperont pas complétement pour la génération à venir», a noté le porte-parole du Kremlin, ajoutant que pour l’heure, la Russie n’allait simplement plus parler à la Turquie. «C’est hors de question jusqu’à ce qu’Ankara fasse ce qui doit être fait dans une telle situation», a-t-il insisté.

Dmitri Peskov, a aussi exprimé son scepticisme quant à la proposition de l’Azerbaïdjan, qui s’est dit prêt à jouer le rôle de médiateur entre Moscou et Ankara afin d’atténuer les dégâts. «Ces tentatives n’ont mené à rien. Toute tentative de médiation dans ce contexte échouera pour des raisons évidentes», a-t-il conclu.