«La plus belle expression du dialogue entre nos deux pays», c’est ainsi que le président turc a qualifié l’édifice religieux qui devrait être sur pied d’ici 2018, à l’occasion d’une conférence de presse avec son homologue roumain, Klaus Iohannis, qui était en visite à Ankara le 23 mars .
A Bucarest, les autorités roumaines ont en effet cédé un terrain de 11 000 mètres carrés, valant 3,9 millions d’euros, pour y faire construire le plus grand édifice musulman sur le sol européen.
Si la Roumanie avait initialement demandé, en contrepartie, la construction d’une église orthodoxe à Istanbul, cette dernière ne verra finalement pas le jour puisque «la législation turque ne l’autorise pas», comme l’avait expliqué le Premier ministre roumain, Victor Ponta, en juillet 2015. En revanche, le projet de construction d’un hôtel pour les pèlerins chrétiens en Turquie est, lui, toujours d'actualité.
Les Roumains se mobilisent contre l'influence turque
Depuis qu’elle a été annoncée, l'idée de bâtir une mosquée géante rencontre une forte opposition au sein de la population roumaine, et particulièrement chez les intellectuels. Plusieurs rassemblements ont ainsi eu lieu afin de protester contre un «arrangement politique» qui n’a rien à voir avec la religion, comme le déploraient déjà des manifestants en juillet 2015.
Ailleurs en Europe, le financement étranger des lieux de culte fait débat
Mais la Roumanie n’est pas le seul pays d’Europe à recevoir les propositions de Recep Tayyip Erdogan. Ce dernier multiplie les proposition de financer la création de lieux de culte islamique.
Il avait notamment proposé de financer l'érection d'une mosquée à Athènes en 2013, offre qui avait alors été cordialement déclinée par les autorités grecques.
En Autriche, où l’influence d’Ankara n’est pas non plus vue d’un bon œil, une loi interdisant qu'une puissance étrangère finance la construction de mosquées ou rétribue les imams a vu le jour.
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Le pays craint en effet que le président turc ne tente de tirer profit de l’importante communauté turque vivant en Autriche en jouant la carte de la religion. Ce sont d’ailleurs des organisations liées à la Turquie qui gèrent actuellement la majorité des mosquées du pays.
Face à ce constat, l’Autriche veut tenter de «nationaliser» son islam en proposant, notamment, dans ses universités des cursus de formation pour les imams… en allemand.