«Je trouve qu’avec cet accord, l’Europe s’est déconsidérée, car elle se plie devant les exigences de la Turquie, à une sorte du chantage», estime le journaliste. Pour lui, tout va dépendre de la bonne volonté d’Ankara, parce que pour le moment «l’UE n’a pas les mains libres».
Ivan Rioufol se dit choqué par le fait que la Turquie menace de faire passer des immigrés vers l’Europe si cette dernière ne participe pas à un financement à hauteur de 3 milliards d’euros, n’autorise pas la délivrance de visas de manière plus libérale pour les citoyens turcs et n’accepte pas de revoir sa position sur l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne.
«Tout ceci me paraît être un chantage inadmissible, et d’ailleurs assez saugrenu», indique Monsieur Rioufol, parce qu’afin de lutter contre l’immigration, «l’Europe s’engage aujourd’hui, à s’ouvrir encore davantage à une immigration turque».
L’essayiste fait remarquer qu’à écouter Monsieur Erdogan, cette immigration ne veut pas s’intégrer et s’assimiler à l’Europe occidentale. Pour M. Rioufol, il y a une absurdité qu’il n’arrive pas à comprendre, mais qui semble confirmer en effet ce qu’est l’Union européenne, «c’est-à-dire une entité qui n’a pas d’âme, pas d’identité ni de frontières», soit très exactement ce que refusent les peuples européens. «C’est pour cela que je pense que cet accord conclu cette nuit dans l’urgence, est un accord qui risque d’être très mal accepté par les opinions européennes et par l’opinion française en particulier» martèle Ivan Rioufol.
Selon lui, pour résoudre le problème des migrants à sa racine, il faudrait que les guerres cessent, que Daesh puisse être vaincu – point sur lequel Monsieur Rioufol n’est pas sûr que la Turquie soit très loyale. Il estime que la Turquie joue de façon ambigüe sur ses alliances vis-à-vis de certains mouvements islamistes, notamment Daesh. La solution, selon Ivan Rioufol, est d’abord la fin du conflit, et que l’Europe se mette à contrôler ses propres frontières, or pour l’instant «on s’aperçoit que l’Europe délègue cette tâche à la Turquie».
«Cela confirme l’extraordinaire faiblesse de l’UE, qui se trouve aujourd’hui à la merci d’un chantage de la Turquie», conclut Ivan Rioufol.