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Un ancien capitaine de FlyDubai à RT : les pilotes travaillaient à mort

Le crash du Boeing de FlyDubai était «inévitable», a déclaré sous couvert d’anonymat un ancien capitaine de la compagnie aérienne à RT. Il a aussi confié que les pilotes étaient forcés de travailler malgré leur épuisement.

Trois jours après la catastrophe qui a conduit à la mort des 55 passagers du Boeing et de ses sept membres d’équipage à Rostov-sur-le-Don, l’ancien capitaine de FlyDubai a expliqué à RT que les responsables de la compagnie aérienne étaient au courant que les pilotes se plaignaient souvent d’une trop grande fatigue mais qu’ils ne réagissaient pas.

«Quand je travaillais pour cette compagnie aérienne, une des dernières choses que j’ai dit aux managers était qu’ils verraient des accidents à cause de la fatigue des pilotes.» Ainsi a-t-il commencé son récit, précisant que les pilotes étaient forcés d’accomplir des heures supplémentaires et n’avaient pas assez de temps pour dormir entre les vols.

Le lanceur d’alerte a aussi présenté des documents montrant que les jeunes pilotes devaient travailler sur de multiples vols sans discontinuer. «Tout le monde, au sein de la compagnie, avait des horaires de travail dangereux car les vols de jour et de nuit se succédaient. C’était un problème depuis longtemps», a-t-il poursuivi.

L’équipe de RT a obtenu le carnet de vol du co-pilote du vol FZ981, qui confirme les dires de cet ancien capitaine. Il s’avère que Alejandro Cruz Alava avait travaillé onze jours, avec une seule journée libre, la veille du crash. L’ex-pilote de FlyDubai a précisé qu’Alejandro Cruz Alava aurait été transféré des vols de jour aux vols de nuit sans avoir la possibilité de réadapter ses cycles de sommeil. «Il ne fait aucun doute qu’il était fatigué et épuisé lors de ce vol. Evidemment, c’était le facteur déterminant, même si on le nie», a-t-il conclu.

EN CONTINU: jour de deuil à Rostov après le crash du Boeing de FlyDubai

 FlyDubai appelle les pilotes qui se plaignent les «prima donnas»

Toujours d’après cet ancien employé, la problématique de l’épuisement des pilotes aurait été discutée plusieurs fois avec les autorités de la compagnie aérienne. Pourtant, on se serait borné à les qualifier de «prima donnas» et rien n’aurait changé.

«Quand je travaillais encore à FlyDubai, on avait des rencontres toutes les deux semaines avec le pilote en chef. Nous parlions souvent du manque de sommeil mais il nous traitait de "bande de prima donnas", comme si nous nous plaignions trop», a-t-il souligné.

Certains pilots dormaient pendant les vols

«Je me souviens du rapport d’un pilote qui racontait que son collègue et lui s’étaient endormis après le décollage pendant huit minutes. Cela vous semble peut-être bizarre, mais il est très facile de s’endormir. Le niveau sonore est constant, assez lénifiant et c’est le pilote automatique qui gère l’avion», a déclaré l’ancien pilote en mettant en évidence que même un tel rapport n’était pas suivi d’un examen médical, comme dans les autres compagnies aériennes.

Le crash du Boeing 737 de FlyDubai en provenance de la capitale émiratie s’est écrasé le 19 mars dans la ville du sud de la Russie, Rostov-sur-le-Don, juste avant son atterrissage. Les mauvaises conditions météorologiques constituent l’élément le plus fréquemment cité par les experts pour expliquer cette catastrophe.